La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

● Avignon Off 2016 ● Dans le chaos de la guerre, fille de mère courage… Vérité d'un mythe… - 07/07/2016

Été 1914. En toute innocence, Ninette et Armand se jurent fidélité pour le meilleur et pour le pire. L'époque n'est pas tendre, le pire ils vont découvrir. Quand l'un quitte les champs pour la patrie et ses champs d'honneur, et bientôt champs de l'horreur, l'autre suit sans réfléchir ses obligations du mariage. Un serment de fidélité, c'est un serment de fidélité. Ninette se déguise en garçon et...  

● Avignon Off 2016 ● Rendre hommage au Théâtre, nimbé de bien de mystères… et attractif comme un songe - 30/06/2016

Dans "Festi-Mal", il est question d'une tranche de vie nécessaire à tout festival qui se respecte. Celle de la conférence de presse consacrée aux metteurs en scène et dont Évelyne Sellés-Fischer lève avec malice une partie du voile. Seule en scène, elle installe sur la table ses petits chevalets. Jouant tous les rôles, posant de la journaliste les questions sur l'art théâtral et des autres...  

"Gelsomina", l'insondable étrangeté de l'être - 29/09/2016

Reprise ! "Gelsomina, Gelsomina, Gelsomina…", prénom surgissant du lointain, jeté par une fratrie juvénile et ouvrant, sur fond de mer Adriatique, "La Strada", le film que Federico Fellini réalisa en 1954. Il est attaché à une ingénue lunaire, personnage principal de ce long métrage fondateur du cinéaste italien et en même temps son fil rouge, rouge comme le nez du clown qu'elle sera quelque...  

Le comte de Monte-Cristo… Un régal frugal ! - 23/06/2016

Reprise ! Le chef-d'œuvre d'Alexandre Dumas est incarné sur scène par trois comédiens. La mise en scène de Véronique Boutonnet offre une dramaturgie intelligemment ramassée où la quintessence de l'œuvre du romancier garde toute sa saveur. C'est un tour de magie, de passe-passe comme il en existe encore trop peu sur les scènes théâtrales. Faire d'un roman une pièce, de Dumas un bon Shakespeare,...  

Feydeau fait une farce à ses personnages et le public est complice - 20/06/2016

Il est député, se rêve en futur ministre. Elle est à l'aise. Nature. Tellement à l'aise dans son appartement qu'elle se promène en nuisette. Tout'nue ! Le couple vivrait bourgeoisement et douillettement si l'appartement n'était entretenu par un serviteur abruti et n'avait pour voisin, en vis à vis, le pire ennemi du député : Clemenceau lui-même… Imaginé, vécu, en prédateur goulu. Comme aimantés...  

Être pris, le temps d'une représentation, dans les rets de l'imaginaire et de la magie théâtrale - 15/06/2016

Henri-René Lenormand (1882 1951) est bien oublié et pourtant… Célèbre auteur de l'avant-garde lorsqu'il était joué par Gaston Baty et les Pitoëff et avait découvert Freud et lu Strindberg , ce qui n'est pas rien. Sous le titre "Déjà la fin", Patrice Bigel et Alison Cosson retravaillent, dans les murs de l'ancienne usine Hollander, "le crépuscule du théâtre", pièce écrite en 1934 qui, du côté de...  

Zelda, ni muse, ni égérie, simplement joueuse hébétée de rencontrer des limites - 08/06/2016

L'œuvre de Scott et Zelda Fitzgerald brille comme un diamant gros comme le Ritz mais leur vie tout en paillettes finit mal. Durant les années folles, dans ces années de l'entre-deux-guerres en Amérique, ils formaient un couple d'écrivains scandaleux et passionnel… Un couple de dingues, magnifique, dont les nuits blanches et les excès d'alcool et de sexe nourrissaient leur vie ainsi que les pages...  

"Figaro divorce", une douce comédie qui boucle une trilogie de Figaro de manière sereine et attendrie - 02/06/2016

Lorsque "Le Mariage de Figaro" est célébré le 27 avril 1784, il reste moins de sept ans d'insouciance avant que l'histoire de Figaro et de Suzanne ne vire. Sept ans de bonheur. Avec "Figaro divorce", porté par une connaissance rétrospective de l'Histoire qui éclaire sa propre perception pessimiste d'une année d'entre-deux-guerres (1936) convulsive, Ödön von Horváth reprend le fil de Beaumarchais…...  

Dans une fraicheur, une spontanéité de jeunesse, "La Mouette" retrouve sa source Tchekhovienne - 26/05/2016

Un jeune homme, qui se pense auteur moderne et pense aimer, tue une mouette et se suicide. Des amis passent des soirées à jouer au loto, ou vont à la pêche, ou lisent, ou jouent du théâtre. Se divertissent. Une jeune fille des champs veut devenir actrice, tombe amoureuse d'un écrivain qui pourrait être son père. Se rêve muse, objet d'une nouvelle littéraire… La vie a la légèreté d'une vie qui va....  

Nous sommes repus mais pas repentis… et on en redemande encore ! - 24/05/2016

Nous sommes chez Wittgenstein, qui a marqué le monde de la philosophie avec son œuvre majeure "Tractatus logico-philosophicus", autour d'un déjeuner avec ses deux sœurs dans une mise en scène originale de Séverine Chavrier, où le jeu des acteurs, remarquable de vivacité, montre un intérieur où la raison a été laissée à la porte. Sur scène, c'est un amoncellement de vaisselles brisées, disposées...  
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À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024