La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Petite Histoire de la médecine" Être confronté aux douleurs de l'Humain pour en puiser sa substantifique moelle et réjouir le public - 11/09/2024

Le docteur Hervé Laplante, véritable médecin de campagne, reçoit pour la énième fois madame Bernadette Ruffiaud, 98 ans, acariâtre et hypocondriaque professionnelle. Au cours de la consultation, il va remonter le fil de l'histoire de la médecine, de "la Grande Opération" de la fistule du Roi-Soleil par le chirurgien Charles-François de Tassy, en passant par l'enlèvement de la lance de l'œil...  

"Les gestes d'après", du théâtre poétique fort et bouleversant - 10/09/2024

Après avoir porté les textes de Svetlana Alexievitch dans "Valentina-Tchernobyl", les mots de Brigitte Barbier dans "Là où tu es", ceux de Chariff Ghattas, de Maïa Brami et d'autres auteurs encore, Coralie Émilion-Languille s'empare cette fois de textes qu'elle a elle-même écrits. Exercice encore plus exigeant que celui d'incarner des personnages extérieurs à soi, que celui de donner à entendre...  

"Lieux communs" Extension du domaine de la lutte… je doute, donc je suis - 05/02/2025

La double entrée du titre de la pièce écrite et mise en jeu par Baptiste Amann préfigure son dessein. Loin d'être univoque, ce titre – "Lieux communs" –, pour être appréhendé dans sa pluralité de sens, invite à une suspension du jugement… Deux pistes non contradictoires, mais complémentaires se présentent. Il peut être entendu comme la réaffirmation dans l'œuvre de l'auteur metteur en scène de...  

"La vie secrète des vieux" Aimer même trop, même mal… Aimer jusqu'à la déchirure - 30/08/2024

"Telle est ma quête", ainsi parlait l'Homme de la Mancha de Jacques Brel au Théâtre des Champs-Élysées en 1968… Une quête qu'ont fait leur cette troupe de vieux messieurs et vieilles dames "indignes" (cf. "La vieille dame indigne" de René Allio, 1965, véritable ode à la liberté) avides de vivre "jusqu'au bout" (ouaf… la crudité revendiquée de leur langue émancipée y autorise) ce qui constitue,...  

"Le fléau" Immersion théâtrale shakespearienne totale ! - 29/08/2024

Dans une très belle adaptation, reprenant en grande partie "Mesure pour mesure", Léonard Matton fait de Shakespeare un grand moment d'intensité de théâtre immersif où le spectateur se retrouve au beau milieu de la cour d'honneur du Palais-Royal, entouré de personnages en proie à des passions aussi contraires que la pruderie, la débauche, la fidélité et la trahison. Cela démarre comme un récit,...  

"Le Radeau de la méduse" Traverser l'histoire de l'œuvre, entre érudition finement dosée et jeu théâtral maîtrisé - 22/08/2024

Grâce à une drôle de conférencière, plutôt autoritaire et désabusée, mais pleine d'humour, découvrez les secrets de ce gigantesque tableau du Louvre qui choqua et ébranla le trône en 1819, sous le règne de Louis XVIII. Revivez parallèlement les bouleversements artistiques et politiques du début du XIXe siècle. Décidément, le théâtre en a du pouvoir ! Ce n'est pas le Festival d'Avignon qui nous...  

"Truffaut Correspondance" L'enfant sauvage du cinéma français, l'homme qui aimait que la vérité soit dite - 24/08/2024

François Truffaut tel qu'en lui-même, c'est l'enjeu du passage au plateau des morceaux choisis de la correspondance du cinéaste phare de la nouvelle vague… grand amoureux du genre épistolaire, homme dans toute la vérité de sa nature, homme doué d'une sensibilité blessée mâtinée d'une intelligence aiguisée et d'un caractère ne souffrant aucune concession. Lui qui vécut en effet jusqu'à ses douze...  

"Passeport"… À bas le racisme ! - 21/08/2024

Pour sa dernière création théâtrale, Alexis Michalik traite de l'identité en abordant le racisme au travers de ses reniements, raccourcis et contradictions. Avec, entre autres, les personnages d'Issa, venu d'Érythrée, et de Lucas, né à Mayotte, c'est toute la question de l'appartenance et de l'acceptation de soi et de l'autre qui est posée dans un cadre géographique qui aurait pu donner lieu...  

"Gaviota" (d'après "La Mouette" de Tchekhov) Les âmes fantômes incarnées par la grâce de cinq belles interprétations - 26/06/2024

Le dispositif mêle les interprètes aux spectateurs dans cette petite cabane de toile, la cabane Napo, montée au bord de la pinède du Domaine d'O, lors de ce Printemps des Comédiens 2024. Ici pas de scène, pas d'entrées et de sorties des personnages, pas de décors évolutifs, ni de changements de costumes, ni de projections vidéos, à part le texte en français projeté aux quatre horizons (le...  

Maria Casarès et Albert Camus se retrouvent pour une heure dans un nouveau théâtre de Poitiers - 18/06/2024

Ouverte en septembre 2023, cette nouvelle salle finit sa saison en rendant hommage à celle qui lui a donné son nom : Maria Casarès. Une salle citadine née de la volonté des deux codirecteurs de la Maison Maria Casarès, Matthieu Roy et Johanna Silberstein. C'est dans les anciennes écuries de la caserne de Poitiers que deux grandes salles voûtées abritent maintenant ce nouveau lieu destiné à...  
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À Découvrir

"Bienvenue Ailleurs" Faire sécession avec un monde à l'agonie pour tenter d'imaginer de nouveaux possibles

Sara a 16 ans… Une adolescente sur une planète bleue peuplée d’une humanité dont la grande majorité est sourde à entendre l’agonie annoncée, voire amorcée diront les plus lucides. Une ado sur le chemin de la prise de conscience et de la mutation, du passage du conflit générationnel… à l'écologie radicale. Aurélie Namur nous parle, dans "Bienvenue ailleurs", de rupture, de renversement, d'une jeunesse qui ne veut pas s'émanciper, mais rompre radicalement avec notre monde usé et dépassé… Le nouvel espoir d'une jeunesse inspirée ?

© PKL.
Sara a donc 16 ans lorsqu'elle découvre les images des incendies apocalyptiques qui embrasent l'Australie en 2020 (dont l'île Kangourou) qui blessent, brûlent, tuent kangourous et koalas. Images traumatiques qui vont déclencher les premiers regards critiques, les premières révoltes générées par les crimes humains sur l'environnement, sans évocation pour elle d'échelle de gravité, cela allant du rejet de solvant dans les rivières par Pimkie, de la pêche destructrice des bébés thons en passant de l'usage de terres rares (et les conséquences de leur extraction) dans les calculettes, les smartphones et bien d'autres actes criminels contre la planète et ses habitants non-humains.

Puisant ici son sujet dans les questionnements et problèmes écologiques actuels ou récurrents depuis de nombreuses années, Aurélie Namur explore le parcours de la révolte légitime d’une adolescente, dont les constats et leur expression suggèrent une violence sous-jacente réelle, puissante, et une cruelle lucidité, toutes deux fondées sur une rupture avec la société qui s'obstine à ne pas réagir de manière réellement efficace face au réchauffement climatique, à l'usure inconsidérée – et exclusivement humaine – de la planète, à la perte de confiance dans les hommes politiques, etc.

Composée de trois fragments ("Revoir les kangourous", "Dézinguée" et "Qui la connaît, cette vie qu'on mène ?") et d'un interlude** – permettant à la jeunesse de prendre corps "dansant" –, la pièce d'Aurélie Namur s'articule autour d'une trajectoire singulière, celle d'une jeune fille, quittant le foyer familial pour, petit à petit, s'orienter vers l'écologie radicale, et de son absence sur le plateau, le récit étant porté par Camila, sa mère, puis par Aimé, son amour, et, enfin, par Pauline, son amie. Venant compléter ce trio narrateur, le musicien Sergio Perera et sa narration instrumentale.

Gil Chauveau
10/12/2024
Spectacle à la Une

"Dub" Unité et harmonie dans la différence !

La dernière création d'Amala Dianor nous plonge dans l'univers du Dub. Au travers de différents tableaux, le chorégraphe manie avec rythme et subtilité les multiples visages du 6ᵉ art dans lequel il bâtit un puzzle artistique où ce qui lie l'ensemble est une gestuelle en opposition de styles, à la fois virevoltante et hachée, qu'ondulante et courbe.

© Pierre Gondard.
En arrière-scène, dans une lumière un peu sombre, la scénographie laisse découvrir sept grands carrés vides disposés les uns sur les autres. Celui situé en bas et au centre dessine une entrée. L'ensemble représente ainsi une maison, grande demeure avec ses pièces vides.

Devant cette scénographie, onze danseurs investissent les planches à tour de rôle, chacun y apportant sa griffe, sa marque par le style de danse qu'il incarne, comme à l'image du Dub, genre musical issu du reggae jamaïcain dont l'origine est due à une erreur de gravure de disque de l'ingénieur du son Osbourne Ruddock, alias King Tubby, en mettant du reggae en version instrumentale. En 1967, en Jamaïque, le disc-jockey Rudy Redwood va le diffuser dans un dance floor. Le succès est immédiat.

L'apogée du Dub a eu lieu dans les années soixante-dix jusqu'au milieu des années quatre-vingt. Les codes ont changé depuis, le mariage d'une hétérogénéité de tendances musicales est, depuis de nombreuses années, devenu courant. Le Dub met en exergue le couple rythmique basse et batterie en lui incorporant des effets sonores. Awir Leon, situé côté jardin derrière sa table de mixage, est aux commandes.

Safidin Alouache
17/12/2024
Spectacle à la Une

"R.O.B.I.N." Un spectacle jeune public intelligent et porteur de sens

Le trio d'auteurs, Clémence Barbier, Paul Moulin, Maïa Sandoz, s'emparent du mythique Robin des Bois avec une totale liberté. L'histoire ne se situe plus dans un passé lointain fait de combats de flèches et d'épées, mais dans une réalité explicitement beaucoup plus proche de nous : une ville moderne, sécuritaire. Dans cette adaptation destinée au jeune public, Robin est un enfant vivant pauvrement avec sa mère et sa sœur dans une sorte de cité tenue d'une main de fer par un être sans scrupules, richissime et profiteur.

© DR.
C'est l'injustice sociale que les auteurs et la metteure en scène Maïa Sandoz veulent mettre au premier plan des thèmes abordés. Notre époque, qui veut que les riches soient de plus en plus riches et les pauvres de plus pauvres, sert de caisse de résonance extrêmement puissante à cette intention. Rien n'étonne, en fait, lorsque la mère de Robin et de sa sœur, Christabelle, est jetée en prison pour avoir volé un peu de nourriture dans un supermarché pour nourrir ses enfants suite à la perte de son emploi et la disparition du père. Une histoire presque banale dans notre monde, mais un acte que le bon sens répugne à condamner, tandis que les lois économiques et politiques condamnent sans aucune conscience.

Le spectacle s'adresse au sens inné de la justice que portent en eux les enfants pour, en partant de cette situation aux allures tristement documentaires et réalistes, les emporter vers une fiction porteuse d'espoir, de rires et de rêves. Les enfants Robin et Christabelle échappent aux services sociaux d'aide à l'enfance pour s'introduire dans la forêt interdite et commencer une vie affranchie des règles injustes de la cité et de leur maître, quitte à risquer les foudres de la justice.

Bruno Fougniès
13/12/2024