La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

Un théâtre conçu comme le temps d'une plaidoirie ultime, au-delà des apparences - 16/01/2018

Dans "Toute ma vie j'ai fait des choses que je savais pas faire" de Rémi De Vos, le protagoniste d'un fait divers banal et violent (et fatal pour lui) propose sa lecture intime des événements à rebours de l’enchaînement des faits objectifs. Comme une seconde chance offerte de comprendre de l'intérieur une histoire par définition impossible à appréhender puisque le personnage est décédé et que...  

Dans "Nénesse", il est question des effets délétères de la crise, et des vertus du théâtre - 12/01/2018

"Nénesse" vitupère, tonitrue, menace, enfile les insultes, éructe. Avec ses deux sous-locataires clandestins et son épouse soumise, il vit d'expédients. "Nénesse" s'adapte mal à la crise. C'est un sanguin en bordure d'accident vasculaire cérébral que l'alcool n'arrange pas ."Nénesse" (Olivier Marchal) est un cas en limite. La pièce d'Aziz Chouaki réunit un carré de personnages hauts en couleurs....  

"Rendez-vous"... Se créer de nouveaux souvenirs et imaginer une vie à venir - 11/01/2018

Aborder la perte de mémoire - qui plus est dans un milieu artistique où celle-ci est un instrument de travail - et la maladie qui en est souvent, de nos jours, la responsable, cela n'est ni évident ni habituel. La délicatesse, la subtile dose d'humour et de dérision du texte de Bruno Fougniès et la mise en scène inventive de Rubia Matignon, en désamorcent tous les écueils prévisibles et donne à...  

"Cherchez la faute !"… La genèse qui décrit la création ne serait-elle que l'histoire d'une liberté à construire ? - 18/12/2017

Dans "Cherchez la faute !", François Rancillac et ses comédiens essaient de comprendre le mythe du jardin d'Éden et de la faute originelle. En auscultant les trois premiers chapitres de la Genèse et des textes de Marie Balmary, ils avancent de surprises en surprises et avec eux le spectateur. Le dispositif est composé d'un rectangle fermé formé par des tables sur lesquelles des livres et des...  

"Dementia Praecox" : une œuvre d'art aussi fascinante que dérangeante - 13/12/2017

Sur scène s'opère une représentation de la vie. Et qu'est-ce donc qu'une représentation de la vie sinon l'art ? "Dementia Praecox" questionne la relation qui existe entre une œuvre et son public. Le spectateur est nécessaire pour que l'art ait une existence. Sans personne pour l'appréhender, alors il ne signifie plus rien. Le spectateur fait partie intégrante de l’œuvre. Le spectacle envahit tout...  

Caubère et Ferdinand… ou la magie du temps retrouvé… - 06/12/2017

Dans "Adieu Ferdinand", Philippe Caubère donne encore chair (pour la dernière fois, dit-il) à un jeune homme né littérairement et à l'impromptu il y a 37 ans. Il a pour nom Ferdinand Faure. Qui est devenu comédien au tout début des années soixante-dix et a pris son indépendance. Sa personnalité avance de manière chaotique. Sa sexualité en bandoulière, ses livres dans sa besace. Pris en flagrant...  

La démocratie a besoin d'acteurs… Un peu de désir, un peu d'humour… En public ! - 01/12/2017

C'est dans une Amérique prospère et paisible. Un jeune homme qui fait un voyage d'études. Cinquante ans environ après l'indépendance, Alexis de Tocqueville relate comme un fait prodigieux sa découverte de la démocratie. C'est cet auteur que tout le monde cite (et peu ont lu) que Laurent Gutmann entreprend de passer au gril… du théâtre. Son spectacle se présente comme le travail en cours d'un...  

La 7e fonction du langage... Qui a tué Roland Barthes ? - 30/11/2017

Avec le roman de Laurent Binet, Sylvain Maurice nous emmène dans un univers où les protagonistes sont des intellectuels phares qui ont marqué leur époque dans une course-poursuite à la recherche d'une vérité qui n'en est peut-être pas une. Mais quelle est donc cette septième fonction ? Pour nous éclairer, les six fonctions du langage du linguiste Roman Jakobson (1896-1982) sont convoquées dès le...  

Ils ne vécurent pas heureux et n'eurent pas beaucoup d'enfants - 29/11/2017

C'est l'histoire d'un homme et d'une femme et d'un homme. C'est une histoire d'amour. Ou plutôt d'amours. Lise, Adam et Paul vivent tous les trois ensemble et ils s'aiment. D'un amour différent chacun, ça ils le comprennent bien, personne n'aime de la même façon ; mais ils s'aiment et c'est bien tout ce qui compte. Peu importe les regards extérieurs, les jugements des autres. Ils sont tous les...  

"Margot" par Laurent Brethome… Une approche caravagesque, une mise en scène d'un authentique peintre ! - 27/11/2017

Christopher Marlowe aurait pu être le jumeau de Shakespeare s‘il n'avait disparu, mystérieusement, prématurément. Témoin fougueux d'un temps tumultueux, qui voit la Renaissance et son humanisme s'effondrer dans le crime et le sang, dans les guerres de religion. C'est sous le titre "Margot" que Laurent Brethome met en scène "Massacre à Paris" de Christopher Marlowe, mettant en valeur un personnage...  
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À découvrir

"Le Chef-d'œuvre Inconnu" Histoire fascinante transcendée par le théâtre et le génie d'une comédienne

À Paris, près du quai des Grands-Augustins, au début du XVIIe siècle, trois peintres devisent sur leur art. L'un est un jeune inconnu promis à la gloire : Nicolas Poussin. Le deuxième, Franz Porbus, portraitiste du roi Henri IV, est dans la plénitude de son talent et au faîte de sa renommée. Le troisième, le vieux Maître Frenhofer, personnage imaginé par Balzac, a côtoyé les plus grands maîtres et assimilé leurs leçons. Il met la dernière main dans le plus grand secret à un mystérieux "chef-d'œuvre".

© Jean-François Delon.
Il faudra que Gilette, la compagne de Poussin, en qui Frenhofer espère trouver le modèle idéal, soit admise dans l'atelier du peintre, pour que Porbus et Poussin découvrent le tableau dont Frenhofer gardait jalousement le secret et sur lequel il travaille depuis 10 ans. Cette découverte les plongera dans la stupéfaction !

Quelle autre salle de spectacle aurait pu accueillir avec autant de justesse cette adaptation théâtrale de la célèbre nouvelle de Balzac ? Une petite salle grande comme un mouchoir de poche, chaleureuse et hospitalière malgré ses murs tout en pierres, bien connue des férus(es) de théâtre et nichée au cœur du Marais ?

Cela dit, personne ne nous avait dit qu'à l'Essaïon, on pouvait aussi assister à des séances de cinéma ! Car c'est pratiquement à cela que nous avons assisté lors de la générale de presse lundi 27 mars dernier tant le talent de Catherine Aymerie, la comédienne seule en scène, nous a emportés(es) et transportés(es) dans l'univers de Balzac. La force des images transmises par son jeu hors du commun nous a fait vire une heure d'une brillante intensité visuelle.

Pour peu que l'on foule de temps en temps les planches des théâtres en tant que comédiens(nes) amateurs(es), on saura doublement jauger à quel point jouer est un métier hors du commun !
C'est une grande leçon de théâtre que nous propose là la Compagnie de la Rencontre, et surtout Catherine Aymerie. Une très grande leçon !

Brigitte Corrigou
06/03/2024
Spectacle à la Une

"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

Par extension, l'expression sous-entend que les moindres petits événements peuvent déterminer des phénomènes qui paraissent imprévisibles et incontrôlables ou qu'une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets importants. Ainsi, les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peuvent engendrer une tornade au Mexique ou au Texas !

C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

"Le mystérieux est le plus beau sentiment que l'on peut ressentir", Albert Einstein. Et si le plus beau spectacle de mentalisme du moment, en cette rentrée parisienne, c'était celui-là ? Car Tahar Mansour y est fascinant à plusieurs niveaux, lui qui voulait devenir ingénieur, pour qui "Centrale" n'a aucun secret, mais qui, pourtant, a toujours eu une âme d'artiste bien ancrée au fond de lui. Le secret de ce spectacle exceptionnel et époustouflant serait-il là, niché au cœur du rationnel et de la poésie ?

Brigitte Corrigou
08/09/2023
Spectacle à la Une

"Deux mains, la liberté" Un huis clos intense qui nous plonge aux sources du mal

Le mal s'appelle Heinrich Himmler, chef des SS et de la Gestapo, organisateur des camps de concentration du Troisième Reich, très proche d'Hitler depuis le tout début de l'ascension de ce dernier, près de vingt ans avant la Deuxième Guerre mondiale. Himmler ressemble par son physique et sa pensée à un petit, banal, médiocre fonctionnaire.

© Christel Billault.
Ordonné, pratique, méthodique, il organise l'extermination des marginaux et des Juifs comme un gestionnaire. Point. Il aurait été, comme son sous-fifre Adolf Eichmann, le type même décrit par Hannah Arendt comme étant la "banalité du mal". Mais Himmler échappa à son procès en se donnant la mort. Parfois, rien n'est plus monstrueux que la banalité, l'ordre, la médiocrité.

Malgré la pâleur de leur personnalité, les noms de ces âmes de fonctionnaires sont gravés dans notre mémoire collective comme l'incarnation du Mal et de l'inimaginable, quand d'autres noms - dont les actes furent éblouissants d'humanité - restent dans l'ombre. Parmi eux, Oskar Schindler et sa liste ont été sauvés de l'oubli grâce au film de Steven Spielberg, mais également par la distinction qui lui a été faite d'être reconnu "Juste parmi les nations". D'autres n'ont eu aucune de ces deux chances. Ainsi, le héros de cette pièce, Félix Kersten, oublié.

Joseph Kessel lui consacra pourtant un livre, "Les Mains du miracle", et, aujourd'hui, Antoine Nouel, l'auteur de la pièce, l'incarne dans la pièce qu'il a également mise en scène. C'est un investissement total que ce comédien a mis dans ce projet pour sortir des nimbes le visage étonnant de ce personnage de l'Histoire qui, par son action, a fait libérer près de 100 000 victimes du régime nazi. Des chiffres qui font tourner la tête, mais il est le résultat d'une volonté patiente qui, durant des années, négocia la vie contre le don.

Bruno Fougniès
15/10/2023