La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Exodos" Charivari chez les dieux et héros grecs, une joyeuse sortie d'école - 30/06/2022

Quand la promotion 5 de l'éstba élit la mythologie grecque comme lieu des héroïques exploits clôturant ses trois années de formation, un cyclone perturbe en tous sens le paysage théâtral. Il a pour nom celui des quatorze élèves comédiens(nes) jouant des décomplexions à gogo pour faire voler en éclats les récits hérités. Entre farce grandguignolesque et jeux potaches, ils revisitent à leur sauce...  

"Les Fâcheux" La comédie-ballet, invention de Molière, reinventée aux Nocturnes de Grignan - 30/06/2022

Avec "Les Fâcheux", Molière invente. La pièce, commandée juste avant sa disgrâce par Nicolas Fouquet (surintendant des finances) pour une grande fête offerte au "Roi-Soleil" dans son château de Vaux-le-Vicomte, la pièce fait partie des magnificences dévoilées aux yeux du jeune monarque de 23 ans. Tous les métiers d'art et de plaisir de l'époque ont été employés par Fouquet : l'architecture de...  

"Avant la France, Rien" Une vie d'exils… plongée intimiste à résonances universelles - 28/06/2022

En novembre 2019, Anne-Cécile Paredes présentait dans "Asile" l'itinéraire d'une exilée à la révolte enracinée. Un parcours - le sien - ayant conduit la petite Péruvienne de cinq ans en France, "terre d'accueil". Elle reprend ici sa proposition dans un dispositif simplifié, décapant le vernis "spectaculaire" pour mieux libérer le vibrato de ce récit "exemplaire". Sans rien rabattre de la force de...  

"Vernon Subutex 1"… Pièce rock d'un roman cru ! - 24/06/2022

Le metteur en scène allemand Thomas Ostermeier reprend le premier volet d'une trilogie romanesque de Virginie Despentes. Dans une atmosphère où la dérive sociale et le sexe sont des éléments importants de dramaturgie, la poésie de l'écrivaine en sort avec éclat dans une mise en scène qui allie le sombre des états d'âme et la vivacité de la musique avec les pulsions des personnages. Un...  

"Keine Menschenseele" par le groupe Laokoon, un purgatoire des voix et d'êtres automates "fabriqués en Autriche" - 23/06/2022

Les morts parlent librement et les voix sont libérées du corps pour mettre en question le sens de l'humanité dans "Keine Menschenseele" ("pas une âme") signé par le groupe Laokoon (Cosima Terrasse, Moritz Riesewieck, Hans Block). Au cœur du purgatoire des voix, Ella (Caroline Baas), Peter (Philipp Hauss), Walter (Hans Dieter Knebel) et Luziwuzi (Lukas Watzl) sont émetteurs et réceptacles de...  

"L'Étang"… Comme une plongée dans le monde intérieur des enfants tourmentés - 15/06/2022

La chorégraphe et artiste franco-autrichienne Gisèle Vienne fait de "L'Étang" de Robert Walser un moyen d'exploration des sphères intimes des enfants tourmentés par des figures d'autorité. Les actrices Adèle Haenel et Henrietta Wallberg mènent le spectacle dans des décors stériles dans lesquels la musique de Stephen O' Malley intensifie des perceptions temporelles et sensorielles. "L'Étang" (Der...  

"L'éloge des araignées" Louise Bourgeois et son double… ou le passé recomposé - 07/06/2022

Une très vieille dame et une très jeune fille se rencontrent "accidentellement" dans l'atelier de l'artiste. La première, Louise, est en panne de création et la seconde, Julie, porte le chagrin d'une mère absente. Entre ces deux êtres vulnérables de par leur âge, le grand et le petit, va se (dé)nouer une complicité sans concessions voguant au gré d'un passé revisité. Au cœur de ce voyage...  

"Alles, was der Fall ist" Dead Centre démontre la création d'un meurtrier et la nature du théâtre avec Wittgenstein en filigrane - 06/06/2022

Le duo irlandais Dead Centre utilise une phrase de Ludwig Wittgenstein, "Alles, was der Fall ist" (Tout ce qui est le cas), comme point de départ de la réflexion sur le mystère de la nature humaine, avec comme modèle le chauffeur fou qui a tué trois personnes dans le centre-ville de Graz en 2015 et la création du théâtre. Philipp Hauss mène le spectacle, incarnant tantôt Wittgenstein, tantôt...  

Festival de La Ruche #2 Épisode 2 Immersion in situ dans les créations à venir, une invitation à un work in progress transgressif - 01/06/2022

Après les quatre premières (belles) découvertes de l'épisode 1 ("Motel", "A quel type de drogue je corresponds ?", "Pop-Corn Protocole", et "Horace"), en voici trois autres à l'originalité tout autant affirmée et qui, chacune dans leur domaine, sont porteuses d'un souffle prometteur. Ainsi ce festival de La Ruche initié par le TnBA, en présentant à leur suite trois jours de théâtre "en train de...  

"Madama Butterfly" vue par Satoko Ichihara Humour décomplexée comme critique socioculturelle du culte de l'Occident - 26/05/2022

C'était en regardant les "chasseuses d'étrangers" à Roppongi que Satoko Ichihara s'est rendu compte du culte de l'Occident profondément ancré dans la culture japonaise. "Madama Butterfly" de Puccini, représentation du fantasme orientaliste par excellence, est, pour Ichihara, à la fois lpoint de départ et matière de base pour sa critique socioculturelle. Le spectacle, débuté en septembre 2021 à...  
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À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Le consentement" Monologue intense pour une tentative de récit libératoire

Le livre avait défrayé la chronique à sa sortie en levant le voile sur les relations pédophiles subies par Vanessa Springora, couvertes par un milieu culturel et par une époque permissive où ce délit n'était pas considéré comme tel, même quand celui-ci était connu, car déclaré publiquement par son agresseur sexuel, un écrivain connu. Sébastien Davis nous en montre les ressorts autant intimes qu'extimes où, sous les traits de Ludivine Sagnier, la protagoniste nous en fait le récit.

© Christophe Raynaud de Lage.
Côté cour, Ludivine Sagnier attend à côté de Pierre Belleville le démarrage du spectacle, avant qu'elle n'investisse le plateau. Puis, pleine lumière où V. (Ludivine Sagnier) apparaît habillée en bas de jogging et des baskets avec un haut-le-corps. Elle commence son récit avec le visage fatigué et les traits tirés. En arrière-scène, un voile translucide ferme le plateau où parfois V. plante ses mains en étirant son corps après chaque séquence. Dans ces instants, c'est presque une ombre que l'on devine avec une voix, continuant sa narration, un peu en écho, comme à la fois proche, par le volume sonore, et distante par la modification de timbre qui en est effectuée.

Dans cet entre-deux où le spectacle n'a pas encore débuté, c'est autant la comédienne que l'on voit qu'une inconnue, puisqu'en dehors du plateau et se tenant à l'ombre, comme mise de côté sur une scène pourtant déjà éclairée avec un public pas très attentif de ce qui se passe.

Safidin Alouache
21/03/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024