La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

Roman d’éducation, épopée picaresque, récit de l’éphémère... pour un théâtre de transmission ! - 14/11/2011

Depuis toujours, depuis qu’il a ouvert en 1976 les premières pages des carnets d’un jeune homme couverts de notes prises au jour le jour, à l’occasion des répétitions des créations et de rencontres, la vie de Philippe Caubère sert de pâte à spectacle à Philippe Caubère. Avec "Urgent Crier !", accompagné du guitariste Jérémy Campagne, Philippe Caubère rend hommage à son mentor et ami André...  

De réfractions en réfractions, avec douceur... Des artifices de Venise aux étoiles du désert - 03/11/2011

Au début de l’histoire de William Shakespeare, il y a une aventure où tout est réussite, Othello et Desdemone sont unis. Et puis il y a cette fatalité qui ouvre un mythe qui hante le théâtre européen. Othello est un grand héros de guerre qui séduit par le récit de sa vie d’avant, avant quand il était esclave avant d’être racheté par Venise. Desdémone est la fille du noble, elle est celle qui...  

L'intemporalité salvatrice d'un esthète de l'ironie féroce et de l'irrévérence... conjuguée au féminin - 30/10/2011

L'une des principales qualités d'une œuvre est son intemporalité. Celle de Pierre Desproges en fait partie et a cela de presque angoissant que ses flèches empoisonnées, contextualisées à une époque, n'ont cruellement pas perdu une once de leur actualité. C'est l'une des principales forces du spectacle "Chroniques d'une haine ordinaire" mise en scène, avec une élégance "Desprogienne", par Michel...  

Un peuple de Robin des bois revisité - 31/10/2011

Dans sa pièce "As you like it" de William Shakespeare, les jeunes gens fuguent devant la méchante autorité du duc et rejoignent par cette fuite d’autres exilés qui survivent dans une forêt primitive et éloignée. Ils forment un peuple de Robin des bois revisité qui se moque des visions de paradis des bergers d’Arcadie. En son sein se discerne une forme de brutalité ainsi que la montée de la sève...  

Sous les masques... Tombent les masques ! - 29/10/2011

Dérouté le spectateur. Dès l’entrée. Tant les codes primordiaux de la représentation ne sont pas respectés. À l’instar d’un théâtre forain, dans "Masques et nez", assis dans son fauteuil, la salle toujours éclairée, le spectateur est confronté sur scène à un casting, un défilé de caricatures, une forme de radio-crochet des médiocres masqués, un groupe de parole des réjouis et trouillards....  

Une douce amertume amusée... Comme une réconciliation - 27/10/2011

Philippe Adrien met en scène "Les Chaises" d’Eugène Ionesco avec la Compagnie du Troisième Œil de Bruno Netter qui mêle comédiens valides et moins valides (aveugle, sourd…). C’est, dans un caisson cylindrique éclairé par deux jours de souffrance, le quotidien d’un couple âgé, très âgé (Monica Companys, Bruno Netter). Avec juste ce qu’il faut de souplesse dans les articulations pour déplacer des...  

"Quartier lointain" ou le voyageur du temps - 27/10/2011

Un manga au théâtre ? Cherchez l’erreur ! On ne savait d’ailleurs même pas que c’était possible ! Et mieux, on imaginait encore moins qu’on pouvait aimer les mangas ! Celui-ci, "Quartier lointain" de Jirô Taniguchi, est un concentré de poésie. Dorian Rossel, sur la scène du Monfort Théâtre, a réussi à en extraire son essence avec non moins de beauté et de délicatesse. Ce qui frappe, d’emblée, est...  

Histoire d'une chute annoncée... Du monarque au tyran... - 26/10/2011

Dans "Marie Tudor" de Victor Hugo, une reine et son amant sont emportés par le tourbillon mortel du désir et du pouvoir. Au rythme talentueux d’un bonimenteur, d’un bateleur, l’auteur, qu’il faut savoir découvrir hors de tout fatras patrimonial, enchaine les scènes et livre une extraordinaire lecture de la société. Le mépris exercé par la caste aristocratique, les ostracismes ordinaires, la foule...  

On peut rire partout, même à Sunderland ! - 25/10/2011

Pas vraiment de larmes à l’œil, mais le cœur gros. Pas non plus d’éclats de rires, mais le sourire aux lèvres. On ressort du Petit Théâtre de Paris, en se disant qu’on a assisté à une pièce comme on aimerait en voir plus souvent… "Sunderland" est une "Maison de poupées" version moderne, le drame d’une famille ordinaire mis en scène par Stéphane Hillel (directeur du Théâtre de Paris et molière du...  

Tambour battant, le Théâtre de Belleville ouvre ses portes - 17/10/2011

C’est, en contre bas du grouillant carrefour du métro Belleville, un petit immeuble au 16, passage Pivert. Il donne l’image d’un de ces nombreux cabarets qui ont offert aux parisiens du XVIII et XIX siècle un petit vin joyeux défiscalisé… Le passant en s’adossant à la grille du 7 bis (tournant ainsi le dos à un joli immeuble ancien nouvellement restauré) se trouve face à ce qui reste de la cour...  
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À Découvrir

"Bienvenue Ailleurs" Faire sécession avec un monde à l'agonie pour tenter d'imaginer de nouveaux possibles

Sara a 16 ans… Une adolescente sur une planète bleue peuplée d’une humanité dont la grande majorité est sourde à entendre l’agonie annoncée, voire amorcée diront les plus lucides. Une ado sur le chemin de la prise de conscience et de la mutation, du passage du conflit générationnel… à l'écologie radicale. Aurélie Namur nous parle, dans "Bienvenue ailleurs", de rupture, de renversement, d'une jeunesse qui ne veut pas s'émanciper, mais rompre radicalement avec notre monde usé et dépassé… Le nouvel espoir d'une jeunesse inspirée ?

© PKL.
Sara a donc 16 ans lorsqu'elle découvre les images des incendies apocalyptiques qui embrasent l'Australie en 2020 (dont l'île Kangourou) qui blessent, brûlent, tuent kangourous et koalas. Images traumatiques qui vont déclencher les premiers regards critiques, les premières révoltes générées par les crimes humains sur l'environnement, sans évocation pour elle d'échelle de gravité, cela allant du rejet de solvant dans les rivières par Pimkie, de la pêche destructrice des bébés thons en passant de l'usage de terres rares (et les conséquences de leur extraction) dans les calculettes, les smartphones et bien d'autres actes criminels contre la planète et ses habitants non-humains.

Puisant ici son sujet dans les questionnements et problèmes écologiques actuels ou récurrents depuis de nombreuses années, Aurélie Namur explore le parcours de la révolte légitime d’une adolescente, dont les constats et leur expression suggèrent une violence sous-jacente réelle, puissante, et une cruelle lucidité, toutes deux fondées sur une rupture avec la société qui s'obstine à ne pas réagir de manière réellement efficace face au réchauffement climatique, à l'usure inconsidérée – et exclusivement humaine – de la planète, à la perte de confiance dans les hommes politiques, etc.

Composée de trois fragments ("Revoir les kangourous", "Dézinguée" et "Qui la connaît, cette vie qu'on mène ?") et d'un interlude** – permettant à la jeunesse de prendre corps "dansant" –, la pièce d'Aurélie Namur s'articule autour d'une trajectoire singulière, celle d'une jeune fille, quittant le foyer familial pour, petit à petit, s'orienter vers l'écologie radicale, et de son absence sur le plateau, le récit étant porté par Camila, sa mère, puis par Aimé, son amour, et, enfin, par Pauline, son amie. Venant compléter ce trio narrateur, le musicien Sergio Perera et sa narration instrumentale.

Gil Chauveau
10/12/2024
Spectacle à la Une

"Dub" Unité et harmonie dans la différence !

La dernière création d'Amala Dianor nous plonge dans l'univers du Dub. Au travers de différents tableaux, le chorégraphe manie avec rythme et subtilité les multiples visages du 6ᵉ art dans lequel il bâtit un puzzle artistique où ce qui lie l'ensemble est une gestuelle en opposition de styles, à la fois virevoltante et hachée, qu'ondulante et courbe.

© Pierre Gondard.
En arrière-scène, dans une lumière un peu sombre, la scénographie laisse découvrir sept grands carrés vides disposés les uns sur les autres. Celui situé en bas et au centre dessine une entrée. L'ensemble représente ainsi une maison, grande demeure avec ses pièces vides.

Devant cette scénographie, onze danseurs investissent les planches à tour de rôle, chacun y apportant sa griffe, sa marque par le style de danse qu'il incarne, comme à l'image du Dub, genre musical issu du reggae jamaïcain dont l'origine est due à une erreur de gravure de disque de l'ingénieur du son Osbourne Ruddock, alias King Tubby, en mettant du reggae en version instrumentale. En 1967, en Jamaïque, le disc-jockey Rudy Redwood va le diffuser dans un dance floor. Le succès est immédiat.

L'apogée du Dub a eu lieu dans les années soixante-dix jusqu'au milieu des années quatre-vingt. Les codes ont changé depuis, le mariage d'une hétérogénéité de tendances musicales est, depuis de nombreuses années, devenu courant. Le Dub met en exergue le couple rythmique basse et batterie en lui incorporant des effets sonores. Awir Leon, situé côté jardin derrière sa table de mixage, est aux commandes.

Safidin Alouache
17/12/2024
Spectacle à la Une

"R.O.B.I.N." Un spectacle jeune public intelligent et porteur de sens

Le trio d'auteurs, Clémence Barbier, Paul Moulin, Maïa Sandoz, s'emparent du mythique Robin des Bois avec une totale liberté. L'histoire ne se situe plus dans un passé lointain fait de combats de flèches et d'épées, mais dans une réalité explicitement beaucoup plus proche de nous : une ville moderne, sécuritaire. Dans cette adaptation destinée au jeune public, Robin est un enfant vivant pauvrement avec sa mère et sa sœur dans une sorte de cité tenue d'une main de fer par un être sans scrupules, richissime et profiteur.

© DR.
C'est l'injustice sociale que les auteurs et la metteure en scène Maïa Sandoz veulent mettre au premier plan des thèmes abordés. Notre époque, qui veut que les riches soient de plus en plus riches et les pauvres de plus pauvres, sert de caisse de résonance extrêmement puissante à cette intention. Rien n'étonne, en fait, lorsque la mère de Robin et de sa sœur, Christabelle, est jetée en prison pour avoir volé un peu de nourriture dans un supermarché pour nourrir ses enfants suite à la perte de son emploi et la disparition du père. Une histoire presque banale dans notre monde, mais un acte que le bon sens répugne à condamner, tandis que les lois économiques et politiques condamnent sans aucune conscience.

Le spectacle s'adresse au sens inné de la justice que portent en eux les enfants pour, en partant de cette situation aux allures tristement documentaires et réalistes, les emporter vers une fiction porteuse d'espoir, de rires et de rêves. Les enfants Robin et Christabelle échappent aux services sociaux d'aide à l'enfance pour s'introduire dans la forêt interdite et commencer une vie affranchie des règles injustes de la cité et de leur maître, quitte à risquer les foudres de la justice.

Bruno Fougniès
13/12/2024