La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

Un chapeau de paille d'Italie : Union réussie entre théâtralité burlesque et lyrisme décalé - 06/12/2012

Il y a du mouvement... frénétique, clownesque, comme une mécanique burlesque dans le "chapeau de paille d'Italie" de Gilles Bouillon. Comme une forme d'opéra un rien déjanté (punk ?) et de ballet décalé à la fois. C'est incroyablement jeune, dynamique et terriblement enthousiasmant. Comme un chœur en déambulatoire saccadée, un chœur/cœur qui bat comme une urgence, de celles qui font que l'on...  

Quand le rire est médecin... donner aux enfants hospitalisés un demain pour chacun... - 04/12/2012

Dans "Hors-piste" sont présentées, comme un nez rouge au milieu de la figure, des histoires tirées du quotidien d’un hôpital pour enfants que des clowns en naïfs actifs ont entrepris d’humaniser. Ces histoires sont lumineuses. Les comédiens jouent les clowns mais aussi les enfants et les parents. Mais aussi, théâtre dans le théâtre, les comédiens qui jouent les clowns, leurs soucis, leur vie...  

Un spectacle où le moderne et le classique font couche commune, où le rock donne le tempo au lied - 01/12/2012

Les deux ballets de Martin Schläpfer marient avec audace le classique et le contemporain, avec en toile de fond une rencontre de l’opéra et du rock, osant notamment dans "Forellenquintett", une confrontation musicale entre Schubert, maître incontesté du lied, et The Libertines, groupe anglais d'indie rock... suivi de "Neither", l'anti-opéra de Morton Feldman. Le spectacle se décompose en deux...  

Tout un homme : Une histoire des mineurs de Lorraine, du monde, un récit de l'homme... apaisé - 30/11/2012

Jean Paul Wenzel s’est attaché dans son œuvre à représenter le personnage de l’ouvrier bien peu présent dans le répertoire. Trente-huit ans après "Loin d'Hagondange" et treize ans après "Faire bleu", il retourne en Lorraine et dépeint l’histoire oubliée des mineurs d’Algérie et du Maroc. Tiré de témoignages authentiques, de ceux qui ont traversé l’histoire de la migration économique des années...  

"Nouveau Roman"… entre humour, débats et littérature - 26/11/2012

La mise en scène fait vivre de l’intérieur un mouvement littéraire qui a secoué le monde de la littérature au milieu du siècle dernier. Les débats sont vifs et passionnés sans que l’humour et la légèreté ne faussent compagnie. Julien Honoré, le frère du metteur en scène Clément Honoré, débute le spectacle en racontant avec une pointe d’humour quelques souvenirs d’enfance et ses débuts théâtraux...  

Un Cyrano dépoussiéré, musical... Comme un rêve à la fois joyeux et grave - 15/11/2012

Dans le "Cyrano de Bergerac" d’Edmond, le public rit, essuie une larme devant le destin de ce personnage dont la mère aurait crié à sa naissance "okilélè" et qui est présenté comme un des plus brillants esprits de son époque, bretteur et rêveur de lune tout à la fois. Il aima platoniquement et par procuration la plus belle des précieuses, Roxane. En fusionnant avec brio le théâtre romantique et...  

Avignon Off 2013 : "Une liaison pornographique"... Un fantasme tout en simplicité où le naturel fait ses gammes ! - 14/11/2012

[Reprise] Fantasme... discret voire bâillonné, dans un jeu d’acteurs où le naturel fait ses gammes. Un texte au propos réaliste presque baigné de quotidienneté. La pièce est écrite comme un journal intime à deux voix avec deux personnages, Elle et Lui. Une histoire où Elle passe une annonce dans un journal pour vivre un fantasme qui lui tient à cœur. Lui répond. C’est la rencontre. La pièce est...  

Deux pièces de Tchekhov, comme un diagnostic social vif et aigu... quasi médical - 13/11/2012

Coléreux ou veules, sentimentaux absolument mais cupides à coup sûr et âpres à la propriété, les personnages décrits par Tchekhov dans "La Demande en mariage" et "L'Ours" sont tirés de la vie quotidienne russe. Ces deux pièces en un acte, comme autant de notes prises sur le vif par l’auteur, décrivent des caractères forts et concentrent l’action. Il y a dans "La Demande en mariage" la vieille...  

Mettre en Scène... Une diversité des formes et des contenus se confronte en terre bretonne - 09/11/2012

Le festival "Mettre en Scène"(1) s’ouvre à Rennes pour sa seizième édition. Il rassemble des metteurs en scène reconnus ou en devenir qui travaillent les textes de répertoire ou contemporain. Dans sa manière, ce festival fait se confronter la diversité des formes et des contenus. Dans la multiplicité des approches, les textes et les mises en scènes proposées mettent en évidence l’existence d’un...  

Un théâtre sur l'homoparentalité... plein d'humanité, vivant et sans outrances - 08/11/2012

Dans cette histoire, tout aurait dû se passer comme sur des roulettes : un couple, un enfant, un cercle de famille qui s’élargit, heureux d’être invité à fêter la naissance. Mais voilà, l’enfant va naître dans un couple lesbien : chez Béatrice et Françoise. Deux femmes. Objet de toutes les conversations, toujours invisibles. Leur désir provoque une onde de choc qui prend chacun dans ses travers....  
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À Découvrir

•Off 2024• "Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
14/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• Lou Casa "Barbara & Brel" À nouveau un souffle singulier et virtuose passe sur l'œuvre de Barbara et de Brel

Ils sont peu nombreux ceux qui ont une réelle vision d'interprétation d'œuvres d'artistes "monuments" tels Brel, Barbara, Brassens, Piaf et bien d'autres. Lou Casa fait partie de ces rares virtuoses qui arrivent à imprimer leur signature sans effacer le filigrane du monstre sacré interprété. Après une relecture lumineuse en 2016 de quelques chansons de Barbara, voici le profond et solaire "Barbara & Brel".

© Betül Balkan.
Comme dans son précédent opus "À ce jour" (consacré à Barbara), Marc Casa est habité par ses choix, donnant un souffle original et unique à chaque titre choisi. Évitant musicalement l'écueil des orchestrations "datées" en optant systématiquement pour des sonorités contemporaines, chaque chanson est synonyme d'une grande richesse et variété instrumentales. Le timbre de la voix est prenant et fait montre à chaque fois d'une émouvante et artistique sincérité.

On retrouve dans cet album une réelle intensité pour chaque interprétation, une profondeur dans la tessiture, dans les tonalités exprimées dont on sent qu'elles puisent tant dans l'âme créatrice des illustres auteurs que dans les recoins intimes, les chemins de vie personnelle de Marc Casa, pour y mettre, dans une manière discrète et maîtrisée, emplie de sincérité, un peu de sa propre histoire.

"Nous mettons en écho des chansons de Barbara et Brel qui ont abordé les mêmes thèmes mais de manières différentes. L'idée est juste d'utiliser leur matière, leur art, tout en gardant une distance, en s'affranchissant de ce qu'ils sont, de ce qu'ils représentent aujourd'hui dans la culture populaire, dans la culture en général… qui est énorme !"

Gil Chauveau
19/06/2024
Spectacle à la Une

•Off 2024• "Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles…

… face aux normalisations sociétales et idéologiques

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les problématiques actuelles, du "Chapeau de paille d'Italie"… pièce d'Eugène Labiche, véritable référence du vaudeville.

© Philippe Hanula.
L'argument, simple, n'en reste pas moins source de quiproquos, de riantes ficelles propres à la comédie et d'une bonne dose de situations grotesques, burlesques, voire absurdes. À l'aube d'un mariage des plus prometteurs avec la très florale Hélène – née sans doute dans les roses… ornant les pépinières parentales –, le fringant Fadinard se lance dans une quête effrénée pour récupérer un chapeau de paille d'Italie… Pour remplacer celui croqué – en guise de petit-déj ! – par un membre de la gent équestre, moteur exclusif de son hippomobile, ci-devant fiacre. À noter que le chapeau alimentaire appartenait à une belle – porteuse d'une alliance – en rendez-vous coupable avec un soldat, sans doute Apollon à ses heures perdues.

N'ayant pas vocation à pérenniser toute forme d'adaptation académique, nos deux metteurs en scène vont imaginer que cette histoire absurde est un songe, le songe d'une nuit… niché au creux du voyage ensommeillé de l'aimable Fadinard. Accrochez-vous à votre oreiller ! La pièce la plus célèbre de Labiche se transforme en une nouvelle comédie explosive, électro-onirique ! Comme un rêve habité de nounours dans un sommeil moelleux peuplé d'êtres extravagants en doudounes orange.

Gil Chauveau
26/03/2024