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Théâtre

"Sister Act"… du cinéma au théâtre !

"Sister Act", Théâtre Mogador, Paris

Comédie musicale ayant parcourue plusieurs scènes sur des milliers de kilomètres depuis maintenant 20 ans, "Sister Act" est un cocktail de danses et de chants dans une histoire où nonnes et bandits donnent la répartie au show business.



© Brinkhoff/Mögenburg.
© Brinkhoff/Mögenburg.
Vingt ans après le succès mondial du film dont est tiré le spectacle, "Sister Act" est toujours sur scène à Paris, Vienne, Milan, Broadway et au Royaume Uni. Un succès qui est compréhensible par biais des aspects. Une belle histoire, des personnages antinomiques et bien marqués, des chants bien syncopés, de l’humour et quelques chorégraphies un tantinet comiques. L’histoire ? La chanteuse Dolorès Van Cartier est témoin d’un meurtre et est logée par sécurité dans un couvent, un mélange explosif entre show-business, mafia et liturgie.

Comme beaucoup de comédies musicales, la régie manque un peu d’oreille en mettant le son trop fort. La tessiture vocale des chanteurs est d’un spectre assez large, allant d’un aigu haut perché pour, entre autres, la chanteuse principale (Kania), à un grave bien chaussé pour les gangsters permettant de créer différentes atmosphères dans les scènes.

© Brinkhoff/Mögenburg.
© Brinkhoff/Mögenburg.
Toutes les figures d’un bon scénario sont présentes avec rêves de gloire pour la diva Van Cartier, méchanceté bien sympathique côté caïd et aspects comiques pour ses acolytes, malgré eux. La mère supérieure, gardienne du temple, est rigide dans ses principes avec des nonnes suiveuses ou rebelles contre elle. Rien n’est laissé au hasard jusqu’à cette nonne qui cherche sa voix, le fil de son destin, entre Dieu et une liberté de vivre.

Les chorégraphies sont bien synchronisées bien qu’elles manquent parfois d’inspiration surtout dans la deuxième partie. Les déplacements sont vifs et bien articulés. Le jeu théâtral est de qualité avec des personnages très marqués, sans qu’ils soient caricaturaux. Les personnages taquinent quelques clichés de l’Église, de la Mafia. Les scènes s’enchaînent comme des séquences de film où la ville de Philadelphie plante un décor de cinéma. Le camp mafieux d’un côté, l’église de l’autre sont dans des couleurs bien marquées, blanche et claires pour la religiosité, sombres pour les brigands.

La distribution est bien choisie, talentueuse et arrive à donner au spectacle tonus et peps dans une histoire qui n’en manque pas.

"Sister Act"

© Brinkhoff/Mögenburg.
© Brinkhoff/Mögenburg.
Mise en scène : Carline Brouwer.
Chorégraphie : Anthony Van Laast MBE, assisté de Frances Chiappetta.
Musique : Alan Menken.
Paroles et chansons : Glenn Slater.
Livret : Cheri Steinkellner & Bill Steinkellner.
Dialogues additionnels : Douglas Carter Beane.
Avec : Kania, Carmen Ferlan, Christian Bujeau, Aurélie Konaté, Michèle, Thierry Picaut, Barry Johnson, Sarah Manesse, Valériane de Villeneuve, Lola Ces, Keny Bran Ourega, David Sollazzo, Franck Vincent, Yoni Amar, Carole Clin, Maureen Diot, Fabrice de la Villehervé, Khemi Ferrey, Aude Gilliéron, Audrey Levêque, Mélina Mariale, Sofia Nait, James Noah, Rachel Pignot, Léovanie Raud, Manon Taris, Sarah Tullamore, Mathieu Becquerelle, Alix Briseïs, Rafaëlle Cohen, Jackson De Decker, Alexia Rey Swing.

Superviseur musical, arrangements vocaux et arrangements annexes : Michael Kosarin.
Décors : Klara Zieglerova, assistée de Carla Janssen Hofelt.
Costumes : Lez Brotherston, assisté de Diane Williams.
Orchestrations : Doug Besterman.
Arrangement des musiques pour les chorégraphies : Mark Hummel.
Adaptation des paroles des chansons : Nicolas Nebot.
Adaptation du livret : Ludovic-Alexandre Vidal.
Metteur en scène résident : Véronique Bandelier.
Directeur musical résident : Stan Cramer.
Durée : 2 h 30 dont 20 minutes d’entracte.

© Brinkhoff/Mögenburg.
© Brinkhoff/Mögenburg.
Jusqu’au 30 juin 2013.
Mardi, mercredi, jeudi et vendredi à 20 h, samedi à 15 h et 20 h, dimanche à 15 h.
Théâtre Mogador, Paris 9e, 0 820 88 87 86 (0,12€ la minute).
>> theatre-mogador

© Brinkhoff/Mögenburg.
© Brinkhoff/Mögenburg.

Safidine Alouache
Vendredi 7 Juin 2013

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