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Danse

Séquence Danse Paris : "Tù"… La danse aux éclats

Festival "Séquence Danse Paris", Le Cent-Quatre, Paris

Pour sa cinquième édition, "Séquence Danse Paris" offre un éventail très varié d'une composition artistiquement riche où la danse contemporaine cohabite souvent avec le théâtre et où le classique revisité fait front avec des danses urbaines.



© Olivier Meyrou.
© Olivier Meyrou.
Un long papier crisse et bouge telle une chenille. Les mouvements sont articulés et il est aisé d'imaginer leurs formes qui cheminent par en dessous. Derrière celles-ci, Matias Pilet fait montre d'une maîtrise du corps et de la matière où l'un se nourrit de l'autre.

Les mouvements sont bien découpés et visibles même sous cette enveloppe blanche. Cela tourne, pivote, ramenant l'ensemble au centre, se déployant vers différentes directions pour faire de cette blancheur un habillement gracieux. Le danseur se plie et se déplie, s'articule dans une matière à la fois légèrement criante de froissements et aussi gracieuse qu'une robe de mariée. Les gestuelles, faussement retorses, ont des trajectoires en demi-cercle où, au centre, elles se recroquevillent comme un fœtus ou un être en sommeil. Le corps apparaît telle une courbe, juste une forme avant d'être son propre support quand il sort de son enveloppe.

Le corps se meut une fois qu'il a quitté sa chrysalide autour d'acrobaties et d'élégantes contorsions. Dans une danse très physique, il s'exprime, se montre, après qu'il se soit terré comme un bébé qui veut sortir du ventre maternel.

Le tronc tombant en arrière jusqu'au sol, tenu par les mains, jouant de cabrioles de biais ou en frontal, Matias Pilet courbe ses membres supérieurs en s'appuyant au sol. Tout est équilibres et culbutes où le danseur revient, comme un pendule, à sa place. Il symbolise par ses différents déplacements et gestuelles, une vie en équilibre, entre chute et renaissance, ou comme un être en formation, prêt à sortir d'un ventre pour aller au cœur de la vie.

Ce parti pris d'Olivier Meyrou et Amrita David de faire "naître" sur scène n'est pas anodin. Elle est une histoire, vécue, réelle. Celle de cette petite fille morte in utero quelques jours avant son accouchement et qui devait être la sœur jumelle de Matias Pilet. Le danseur habite cette absence qui devient présence, cette forme qui devient être, cette blancheur qui devient couleur, ces froissements qui deviennent musique et vidéos. Ces mouvements portent un élan de vie où le danseur excelle dans des acrobaties où le saut périlleux fait figure de renaissance dans une sorte d'exorcisme natal.

"Tù"

Metteur en scène : Olivier Meyrou.
Dramaturge : Amrita David et Olivier Meyrou.
Interprète : Matias Pilet.
Apparitions vidéos : Karen Wenvl, Erika Bustamante et Françoise Gillard, sociétaire de la Comédie-Française.
Musique : François-Eudes Chanfrault et Sébastien Savine.
Chant : Karen Wenvl.
Scénographe : Simon André.
Créateur lumières : Nicolas Boudier.
Créateur vidéo : Loïc Bontems.
Régisseur général : Jules Pierret.
Régisseur lumière : Sofia Bassim.
Régisseur/vidéo : Marie-Pascale Bertrand et Yohann Gilles, stagiaires Léo Ricordel et Pierre Audoynaud.

"Trois Sacres" © Eric Miranda.
"Trois Sacres" © Eric Miranda.
5e Festival Séquence Danse Paris
Du 14 mars au 9 avril 2017.
Le CentQuatre-Paris, Paris 19e, 01 53 35 50 00.
>> 104.fr

5 et 6 avril à 19 h.
"Projection(s)"
Chorégraphe/interprète : Smaïl Kanouté.
Dispositif scénique : Philippe Baudelocque.

5 et 6 avril à 19 h 30.
"J.C."
Créateur : Juliette Navis. Avec : Douglas Grauwels.

Du 6 au 9 avril à 21 h 30.
"CHROMA_don't be frightened of turning the page" (création mondiale)
Créateur : Alessandro Sciarroni.
Dramaturgie : Alessandro Sciarroni, Su-Feh Lee.

"Sous-Vide" © DR.
"Sous-Vide" © DR.
Du 5 au 9 avril à 20 h 30, dimanche à 16 h.
"A love Supreme"
Chorégraphie : Salva Sanchis, Anne Teresa De Keersmaeker.
Avec : José Paulo dos Santos, Bilal El Had, Jason Respilieux, Thomas Vantuycom.

Du 7 au 9 avril à 19 h, dimanche à 18 h 30.
"Trois Sacres"
Chorégraphe : Sylvain Groud.
Interprètes : Bérénice Bejo et Sylvain Groud.

Du 7 au 9 avril à 19 h 30, dimanche à 16 h 30.
"Sous-vide"
Musique : Dmitri Kourliandski. Conception : Aliénor Dauchez.
Avec : Aliénor Dauchez, Dmitri Kourliandski.

Du 14 mars au 9 avril.
"The fire flies, Baltimore/Paris"
Installation vidéo.
Frédéric Nauczyciel.

Safidin Alouache
Mardi 4 Avril 2017

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© Jean-François Delon.
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© Pics.
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© Christel Billault.
Ordonné, pratique, méthodique, il organise l'extermination des marginaux et des Juifs comme un gestionnaire. Point. Il aurait été, comme son sous-fifre Adolf Eichmann, le type même décrit par Hannah Arendt comme étant la "banalité du mal". Mais Himmler échappa à son procès en se donnant la mort. Parfois, rien n'est plus monstrueux que la banalité, l'ordre, la médiocrité.

Malgré la pâleur de leur personnalité, les noms de ces âmes de fonctionnaires sont gravés dans notre mémoire collective comme l'incarnation du Mal et de l'inimaginable, quand d'autres noms - dont les actes furent éblouissants d'humanité - restent dans l'ombre. Parmi eux, Oskar Schindler et sa liste ont été sauvés de l'oubli grâce au film de Steven Spielberg, mais également par la distinction qui lui a été faite d'être reconnu "Juste parmi les nations". D'autres n'ont eu aucune de ces deux chances. Ainsi, le héros de cette pièce, Félix Kersten, oublié.

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Bruno Fougniès
15/10/2023