La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Danse

"Barbe-Neige…", des contes de fées façon hip-hop !

"Barbe-Neige et les Sept Petits Cochons au bois dormant", Théâtre du Rond-Point, Paris

La chorégraphe Laura Scozzi revisite des contes à l'aide du hip-hop. Dans une mise en scène déjantée, l'univers, entre autres, de la Belle au bois dormant et de ses princes charmants est repensé avec gourmandise et beaucoup d'aplomb !



© Dan Aucante.
© Dan Aucante.
C'est un spectacle vraiment chouette. Chouette car amusant, léger, gracieux, composé de couleurs et de danseurs vifs, de visages tout aussi expressifs que les corps. Tout en beauté ! Car, au-delà de la scénographie qui a gardé la simplicité des contes, il y a aussi un côté enfantin et naïf dans l'expressivité mais jamais dans la trame chorégraphique.

C'est une redécouverte des contes, réinventés par l'Art, bousculés par la Danse où le loup se fait chat, le prince maladroit ou un tantinet imbécile quand la princesse est exigeante, le tout dans une mise en scène de Laura Scozzi, drôle, très drôle.

La danse se prête au hip-hop et, par petites touches, au classique. Un show vocal, le temps d'une scène, fait aussi son apparition où le chant est accompagné de surprenants chœurs. Tout est inversé. Les personnages se font méchants quand on les croit gentils, charmants quand ils sont gourds, gracieux et sveltes quand ils devraient être forts et massifs.

© Laurent Philippe.
© Laurent Philippe.
Côté hip-hop, des roulades des bras gauches ou droits sont effectuées en prenant appui au sol par leurs poignets respectifs. Des mouvements, découpant les articulations le long du tronc et des bras avec quelques figures se finissant par la plante des mains, donnent une grâce et un aspect comique à la danse car toujours suivis d'un clin d'œil humoristique.

Le classique fait aussi son entrée sur les pointes dans une chorégraphie où la légèreté des uns cohabite avec une fausse maladresse des autres. Ce qui est agréable est que la danse interpelle, surprend, dans des gestuelles aux mouvements amusants et beaux sans que la grâce ne prenne congé. Le danseur peut devenir danseuse, ou l'inverse. Le féminin fait avec le viril quand le masculin peut être tout en légèreté.

La danse fait avec le théâtre qui fait avec le mime. C'est un univers de différentes expressions artistiques qui se rencontrent et se racontent par les corps, les gestes et les répliques. Le tout est fait avec une créativité où chacun est à sa place car personne n'en a une, à lui, exclusive, le prince pouvant être autant "charmant" que con comme un canard. Nous sommes dans un monde à la fois de contes dansés et de danses contées aux multiples entrées et sorties.

Et ce n'est que du bonheur !

"Barbe-Neige et les Sept Petits Cochons au bois dormant"

© Laurent Philippe.
© Laurent Philippe.
Tout public à partir de 8 ans.
Conception et mise en scène : Laura Scozzi.
Chorégraphie : Laura Scozzi, en collaboration avec les danseurs.
Danseurs : Dorel Brouzeng Lacoustille, John Degois, François Lamargot, Céline Lefèvre, Karla Pollux, Fanny Rouyé, Mélanie Sulmona, Jean-Charles Zambo.
Collaboration artistique : Olivier Sferlazza.
Musique : Niccolo Paganini.
Scénographie : Natacha Le Guen de Kerneizon.
Costumes : Olivier Bériot.
Lumières : Ludovic Bouaud.
Répétitrice : Corinne Barbara.
Durée : 1 h 15.

© Dan Aucante.
© Dan Aucante.
Du 5 au 31 janvier 2016.
Du mardi au samedi à 20 h 30, dimanche à 15 h.
Théâtre du Rond-Point, Salle Renaud-Barrault, Paris 8e, 01 44 95 98 00.
>> theatredurondpoint.fr

Tournée
23 février 2016 : Le Volcan, Le Havre (76).
3 et 4 mars 2016 : Antipolis Théâtre d'Antibes, Antibes (06).
11 mars 2016 : Centre Culturel J. Duhamel, Vitré (35).
13 mars 2016 : Théâtre Alexandre Dumas, Saint-Germain-en-Laye (78).
15 mars 2016 : Le Grand Angle, Voiron (38).
18 au 20 mars 2016 : Odyssud, Blagnac (31).
22 mars 2016 : Centre Culturel Michel Manet, Bergerac (24).

Safidin Alouache
Jeudi 21 Janvier 2016


1.Posté par Bertaud jean-vincent le 27/01/2016 09:40
L'Art se révèle être encore et encore la seule preuve de notre ouverture d'esprit. Merci pour ce petit tour en forêt, d'hommes en femmes, de femmes en hommes et de contes en contes.

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter





Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Le consentement" Monologue intense pour une tentative de récit libératoire

Le livre avait défrayé la chronique à sa sortie en levant le voile sur les relations pédophiles subies par Vanessa Springora, couvertes par un milieu culturel et par une époque permissive où ce délit n'était pas considéré comme tel, même quand celui-ci était connu, car déclaré publiquement par son agresseur sexuel, un écrivain connu. Sébastien Davis nous en montre les ressorts autant intimes qu'extimes où, sous les traits de Ludivine Sagnier, la protagoniste nous en fait le récit.

© Christophe Raynaud de Lage.
Côté cour, Ludivine Sagnier attend à côté de Pierre Belleville le démarrage du spectacle, avant qu'elle n'investisse le plateau. Puis, pleine lumière où V. (Ludivine Sagnier) apparaît habillée en bas de jogging et des baskets avec un haut-le-corps. Elle commence son récit avec le visage fatigué et les traits tirés. En arrière-scène, un voile translucide ferme le plateau où parfois V. plante ses mains en étirant son corps après chaque séquence. Dans ces instants, c'est presque une ombre que l'on devine avec une voix, continuant sa narration, un peu en écho, comme à la fois proche, par le volume sonore, et distante par la modification de timbre qui en est effectuée.

Dans cet entre-deux où le spectacle n'a pas encore débuté, c'est autant la comédienne que l'on voit qu'une inconnue, puisqu'en dehors du plateau et se tenant à l'ombre, comme mise de côté sur une scène pourtant déjà éclairée avec un public pas très attentif de ce qui se passe.

Safidin Alouache
21/03/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024