La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Théâtre

Une itinérance entre imaginaire et perceptions rares… Le temps de laisser naître ses propres illusions

"Insolite comme toute chose ordinaire" (Installation/lecture dans le paysage), Création artistique in situ et pluridisciplinaire, en tournée

Promenade, paysages, lieux rares, découvertes de parties secrètes, cachées, sous-sols, souterrains, portes dérobées, ce spectacle transforme les spectateurs en explorateurs néophytes, ouvre des espaces rarement accessibles au public, fait voir le décor sous des angles nouveaux et ré-aiguise les regards et les visions.



© Sylvie Cavacciuti.
© Sylvie Cavacciuti.
Le collectif l’art au quotidien investit ainsi différents lieux pour mettre en place sa pérégrination. Une ballade artistique et sensuelle, où les textes rythment les étapes, toujours avec le même thème. Un thème imposé pour cette demande d’écriture faite à cinq auteurs : le paysage. Mieux que cela : qu’est-ce qui pour vous fait paysage ? Une formulation qui pourrait sembler un peu précieuse mais qui en fait laisse ouvertes les portes à l’imaginaire, sans cantonner la demande au simple réel, au figuratif, au réfléchi.

Et tout le spectacle, tout ce moment, semble chercher à ouvrir les portes. Celles des lieux investis par le collectif (les portes dérobées, les en trompe-l’œil et les solides) et les clôtures qui parfois, même inconsciemment, enferment nos imaginaires. C’est ainsi que par petits groupes, les oreilles couvertes par des casques HF, l’exploration commence. Sensation de sécurité. Une voix murmure le texte de Kitsous Dubois… son paysage se glisse dans les esprits pendant que l’œil découvre des escaliers de pierre en spirale, les tunnels antiques et des salles remplies de rayonnages de livres ; et que nous avançons sur le parcours, guidés par des colliers de pommes plus rouges que celles des contes.

© Sylvie Cavacciuti.
© Sylvie Cavacciuti.
Pour cette représentation, nous sommes à la bibliothèque Forney, Hôtel de Sens, Paris 4e. D’où les rayonnages de livres qui emplissent les caves anciennement pleines de barriques et de denrées. Tout se mêle alors : l’architecture ancienne, l’usage moderne qui en est fait, la sensation d’être un intrus dans cet univers et la dimension poétique et visionnaire du texte qui s’égrène dans les casques pour créer une sorte de bulle où l’on s’isole, où l’on se sent bien.

Puis d’autres sensations, d’autres univers, d’autres découvertes, d’autres étapes, d’autres manières d’entendre et de voir, même les yeux fermés, nous emportent ailleurs. On abandonne les casques, les comédiennes s’emparent des autres textes, sortes d’essais poétiques qui s’accordent aux lieux visités où les transcendent. On entend les mots de Jean-Charles Massena, de Jacques Rebotier, de Jean-Paul Curnier.

Le collectif parvient ainsi à faire s’entrechoquer les sensations, à susciter les sensualités liées à cette thématique du paysage : celui que l’on voit, celui où l’on est, celui que l’on entend raconter. Car la grâce est bien d’être soudain partie intégrante nous aussi d’un paysage, qui porte son histoire, ses plaies, ses beautés et qui nous accueille en lui comme un grain de vie.

Le spectacle sera proposé dans différents lieux cet été et cet automne.

"Insolite comme toute chose ordinaire"

© Sylvie Cavacciuti.
© Sylvie Cavacciuti.
Installation/lecture dans le paysage.
Textes de : Jean-Paul Curnier, Kitsou Dubois, Jean-Charles Massera, Jacques Rebotier, Cécile Wajsbrot.
Conception et mise en espace : Sylvie Cavacciuti et Sophie Maillard.
Artistes Interprètes : Caroline Espargilière, Patricia Morejon et Sophie Maillard.
Compositeur : Ronan Maillard.
Régie générale et création lumière : Pierre Bergan.
Régie Son : Enzo di Meo.
Conception du dispositif sonore : Ben-Jamin Karamehmedovic.
Accompagnement à la mise en espace et coordination : AnSo Raybaut-Pérès.
Durée : 2 h.
40 personnes par parcours/promenade.
Par le Collectif l’art au quotidien.

Samedi 16 et dimanche 17 septembre 2017 à 11 h et 16 h 30 (deux représentations par jour) : sur le pont - Centre national des arts de la rue en Aquitaine - Limousin - Poitou-Charentes, La Rochelle (17).
5, 6, 7 et 8 octobre 2017 (dates à préciser, à raison de deux représentations/parcours par jour) : Art'R - Lieu de fabrique itinérant pour les arts de la rue à Paris et en Île-de-France, sur la Petite Ceinture dans le 12e et 20e arrondissement, Paris.
Entre septembre et novembre 2017, une installation plastique et sonore sera aussi proposée dans différents lieux du 12e, 18e et 20e arrondissement de Paris (librairies, cafés, jardins, ateliers d'artistes, etc. Programme en cours d'élaboration.

>> collectiflartauquotidien.blogspot.fr

Bruno Fougniès
Jeudi 22 Juin 2017

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter





Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Le consentement" Monologue intense pour une tentative de récit libératoire

Le livre avait défrayé la chronique à sa sortie en levant le voile sur les relations pédophiles subies par Vanessa Springora, couvertes par un milieu culturel et par une époque permissive où ce délit n'était pas considéré comme tel, même quand celui-ci était connu, car déclaré publiquement par son agresseur sexuel, un écrivain connu. Sébastien Davis nous en montre les ressorts autant intimes qu'extimes où, sous les traits de Ludivine Sagnier, la protagoniste nous en fait le récit.

© Christophe Raynaud de Lage.
Côté cour, Ludivine Sagnier attend à côté de Pierre Belleville le démarrage du spectacle, avant qu'elle n'investisse le plateau. Puis, pleine lumière où V. (Ludivine Sagnier) apparaît habillée en bas de jogging et des baskets avec un haut-le-corps. Elle commence son récit avec le visage fatigué et les traits tirés. En arrière-scène, un voile translucide ferme le plateau où parfois V. plante ses mains en étirant son corps après chaque séquence. Dans ces instants, c'est presque une ombre que l'on devine avec une voix, continuant sa narration, un peu en écho, comme à la fois proche, par le volume sonore, et distante par la modification de timbre qui en est effectuée.

Dans cet entre-deux où le spectacle n'a pas encore débuté, c'est autant la comédienne que l'on voit qu'une inconnue, puisqu'en dehors du plateau et se tenant à l'ombre, comme mise de côté sur une scène pourtant déjà éclairée avec un public pas très attentif de ce qui se passe.

Safidin Alouache
21/03/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024