La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Concerts

Commémoration de la Grande Guerre : la Vie musicale et rien d’autre

À l’heure où un peu partout en Europe et en France on commémore le Centenaire du premier conflit mondial du XXe siècle, de nombreux événements musicaux y sont associés. Voici ma sélection du mois : des concerts de l’Ensemble Calliopée en tournée et la sortie de 3 CD chez Hortus inaugurant une nouvelle collection : "Les Musiciens et la Grande Guerre".



En fond, sur l'écran, le portrait de Romain Darchy © Nemo Perier Stefanovitch.
En fond, sur l'écran, le portrait de Romain Darchy © Nemo Perier Stefanovitch.
L’Ensemble Calliopée (en résidence au Musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux coproducteur de ses spectacles) rend hommage aux hommes pris dans la tourmente de la guerre de 14-18 avec une série de concerts autour de thèmes ou de figures fortes de cette époque. Ce sont des concerts-spectacles alliant la musique interprétée par des artistes solides, un montage documentaire, les témoignages de poilus tel ce Romain Darchy - héros inconnu du grand public - et une mise en perspective historique éclairante (1). À ne pas manquer ! Les éditions discographiques Hortus, quant à elles, lancent une première série de trois CD d’une nouvelle collection consacrée à cette terrible période, "Les Musiciens et la Grande Guerre".

Trente enregistrements sont prévus jusqu’en juin 2018 pour cette collection qui a ambition de faire (re)découvrir, aux mélomanes et aux passionnés d’Histoire, un panorama complet des compositeurs, interprètes et musiciens ayant vécu (et parfois ayant péri) durant cette période. La mort d’Alain-Fournier, l’ambulance de Jean Cocteau, la trépanation de Guillaume Apollinaire sont bien connues du public. Les noms d’Albéric Magnard, Maurice Maréchal ou Ferruccio Busoni beaucoup moins. C’est à cette injustice de la marâtre postérité que répondent les éditions Hortus avec le soutien de la Mission du Centenaire (qui offre son label à la collection) et du centre musical du Palazetto Bru Zane.

© Jeff Ropars.
© Jeff Ropars.
Albéric Magnard (1865-1914) est un de ces dignes représentants de l’École Française de composition, issu de cette génération qui eut pour professeurs Massenet et Vincent d’Indy. Le premier CD de la collection "Une Mort mythique" ressuscite la mémoire de celui qui est célèbre en 1914 comme un des premiers héros de la défense du sol sacré de la Patrie - comme le sentaient profondément les Français à l'époque - alors qu’il est tué les armes à la main chez lui dans l’Oise. On édite même une carte postale pour commémorer cet acte désespéré. Une partie de sa musique de chambre - dans une œuvre qui compte une vingtaine de pièces dont quatre symphonies - est ici subtilement défendue par le pianiste Philippe Guihon-Herbert et le violoncelliste Alain Meunier.

Le troisième volume de la collection est un "Hommage à Maurice Maréchal" rendu par ce même Alain Meunier (accompagné par la pianiste Anne Le Bozec) à son Maître disparu en 1964 avec un programme enchanteur d’opus de Gabriel Fauré, Johannes Brahms, Claude Debussy, entre autres. En 1915, Maurice Maréchal (2) se fait tailler un violoncelle nommé "Le Poilu" dans le bois d’une caisse à munitions par deux camarades menuisiers. Sur le front, il joue en solo ou en trio avec deux autres musiciens mobilisés comme lui. Musique classique contre bruits d’enfer de l’artillerie, le tableau ne manque pas de force. Saluons donc le travail entrepris pour faire connaître la création musicale de ces années de la Grande Guerre comme les exploits de grands interprètes luttant contre l’horreur grâce à la musique.

Notes :
(1) Les concerts-spectacles de l’Ensemble Calliopée ont le label "Mission du Centenaire 14-18".
(2) Voir le film "Le violoncelle des tranchées" réalisé par Christian Leblé pour France Télévisions (bande-annonce visible sur le site centenaire.org de la Mission du Centenaire 14-18).

Ensemble Calliopée :
Concert le samedi 24 mai 2014 à 18 h.
"Quand la musique raconte la Grande Guerre".
Médiathèque Hélène Berr, Paris 12e, 01 43 45 87 12.
Entrée libre sur réservation.

Concert le 27 mai 2014 à 18 h 30.
"Les Musiciens britanniques dans la Grande Guerre".
Institut Français de Londres, Royaume-Uni.

24 juin 2014 à 19 h
"Artistes entre guerre et paix".
Scène de Béthune-Bruay, Vermelles (62).

© Jeff Ropars.
© Jeff Ropars.
26 septembre 2014
"Notes de Guerre 14-18 - Hommage musical à Romain Darchy".
Scène de Béthune-Bruay, La Couture (62).

17 octobre 2014
"Notes de Guerre 14-18 - Hommage musical à Romain Darchy".
Hôtel national des Invalides, Paris 7e.

Ensemble Calliopée (selon les concerts) :
Aude Giuliano, accordéon.
Karine Lethiec, alto et direction artistique.
Shigeto Hata, soprano.
Frédéric Lagarde, piano.
Œuvres de Kreisler, Maratka, Ravel, Debussy, Achron, Bartok, etc.
Programme complet sur >> ensemblecalliopee.com

● CD1 : "Une Mort mythique - Albéric Magnard".
● CD2 : "1913, au carrefour de la Modernité - Busoni, Debussy, Stravinsky".
● CD3 : "Hommage à Maurice Maréchal - Fauré, Brahms, Debussy, Honegger".

Collection CD "Les Musiciens & la Grande Guerre".
Label : Éditions Hortus.
Distribution : Naxos.

Christine Ducq
Mardi 13 Mai 2014

Nouveau commentaire :

Concerts | Lyrique





Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Le consentement" Monologue intense pour une tentative de récit libératoire

Le livre avait défrayé la chronique à sa sortie en levant le voile sur les relations pédophiles subies par Vanessa Springora, couvertes par un milieu culturel et par une époque permissive où ce délit n'était pas considéré comme tel, même quand celui-ci était connu, car déclaré publiquement par son agresseur sexuel, un écrivain connu. Sébastien Davis nous en montre les ressorts autant intimes qu'extimes où, sous les traits de Ludivine Sagnier, la protagoniste nous en fait le récit.

© Christophe Raynaud de Lage.
Côté cour, Ludivine Sagnier attend à côté de Pierre Belleville le démarrage du spectacle, avant qu'elle n'investisse le plateau. Puis, pleine lumière où V. (Ludivine Sagnier) apparaît habillée en bas de jogging et des baskets avec un haut-le-corps. Elle commence son récit avec le visage fatigué et les traits tirés. En arrière-scène, un voile translucide ferme le plateau où parfois V. plante ses mains en étirant son corps après chaque séquence. Dans ces instants, c'est presque une ombre que l'on devine avec une voix, continuant sa narration, un peu en écho, comme à la fois proche, par le volume sonore, et distante par la modification de timbre qui en est effectuée.

Dans cet entre-deux où le spectacle n'a pas encore débuté, c'est autant la comédienne que l'on voit qu'une inconnue, puisqu'en dehors du plateau et se tenant à l'ombre, comme mise de côté sur une scène pourtant déjà éclairée avec un public pas très attentif de ce qui se passe.

Safidin Alouache
21/03/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024