La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
CédéDévédé

Zanarelli, distillateur de pop douce et rafraîchissante aux couleurs jaune citron

Après s'être révélé tout d'abord un homme de scène, avec plus de 350 concerts à son actif ces dernières années, Zanarelli passe en studio pour sortir son premier album, "L'Écho des vertiges"… Un état des lieux de ses trente premières années sur la Terre, douze chansons en forme de balades ponctuées d'envolées enthousiastes et de tendres murmures.



Cinq années de voyages à travers la France, de rencontres et de collaborations ont été utiles à cet auteur-compositeur-interprète - Lyonnais aux racines corse et italienne - pour écrire et composer "L'Écho des vertiges". Les nombreuses premières parties qu'il a effectuées lui ont permis de rencontrer Benjamin Tesquet (Grégory Lemarchal, Élisa Tovati, Élodie Frégé, etc.) et Rémi Durel (Pascal Obispo, Obsidienne Studio, etc.). Ce sont ces derniers qui ont réalisé et arrangé cet opus enregistré à l'Obsidienne Studio.

Dès les premières notes de la batterie introduisant le premier titre, le ton est donné et le chemin emprunté nous dévoile une pop distinguée, organique, très bien produite, d'une grande clarté orchestrale, avec des lignes instrumentales bien définies et pleines de relief.

Côté chant, on découvre un style marqué par une voix aussi efficace dans la douceur des murmures que dans les appuis marqués de toniques plus aiguës, plus énergiques ; et un phrasé limpide, sans contrainte quelle que soit la mesure imposée. Côté composition, ses textes démontrent son sens de la poétique des mots et un talent certain pour concocter des mélodies qui s'immisce avec gourmandise dans nos mémoires. Le tout est agrémenté d'un look d'une impertinente élégance, et d'un visage juvénile où se devine un regard espiègle sur le monde et ses sentiers tantôt amicaux tantôt amoureux.

"C'est en bien, et tout honneur, que tu me griffes le cœur"… nous dit Zanarelli dans "J'ai adoré"… Une première chanson comme l'essence d'une ritournelle entêtante et joyeuse, à la rythmique, syncopée, entraînante… voire entêtante, genre tube en puissance, bien ficelé et très bien produit. Mesures cadencées efficaces avec des breaks bien marqués et ligne mélodique aguicheuse pour une aventure amoureuse presque désabusée.

Puis petit coup de mou avec le charmant, tendre et presque nostalgique "Bormes-les-Mimosas", susurré à nos oreilles dans un duo avec la chanteuse et comédienne Alka Balbir, pour une promenade dans la belle cité balnéaire célèbre pour ses arbustes méditerranéens aux inflorescences jaune vif.

Solitude, espoir d'un monde meilleur, désespérance d'un amour qui fait naufrage sont quelques-uns des thèmes abordés dans "La nuit noire", avec une ambiance à la fois sombre et dérisoire, soutenue par des nappes de chœur et des arrangements un brin pompeux… mais l'ensemble est cohérent.

Le cinquième titre est une "Invitation" plus enjôleuse et enlevée… Toujours dédiée à la gent féminine… qui semble être la récurrente et louable préoccupation du trentenaire. Celui-ci semble guère apprécier la solitude ("Loin de toi") et préfère, comme tout bon latin, déclarer ses passions, ses ébats nocturnes ("J'aime") et multiplier les états d'âme.

Mais Zanarelli sait aussi nous emmener dans des balades plus géographiques, sur une plage corse ("Campomoro"), même si elles restent destinées à d'éventuelles amantes. Ou nous dévoiler "L'envers du décor" des tristes trahisons, celles ressenties à juste titre ou pas, après des amitiés perdues ou des amours à sens unique.

"L'Écho des vertiges" est l'album d'un homme qui fait les constats, voire le bilan, d'un premier bout de vie, d'où ressort les priorités données à l'amour et à l'amitié, avec aussi ce désir exprimé d'avancer ("J'oublie" et "Changer). Si le parcours est sinueux et pas toujours égal, il est néanmoins prometteur car Zanarelli a su marquer cet album d'une vraie griffe artistique et une possible écriture poétique plus dense est sous-jacente.

● Zanarelli "L'écho des vertiges".
Label : Anakor.
Distribution : Socadisc.
Sortie : 6 octobre 2017.


Gil Chauveau
Jeudi 9 Novembre 2017

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter





Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Le consentement" Monologue intense pour une tentative de récit libératoire

Le livre avait défrayé la chronique à sa sortie en levant le voile sur les relations pédophiles subies par Vanessa Springora, couvertes par un milieu culturel et par une époque permissive où ce délit n'était pas considéré comme tel, même quand celui-ci était connu, car déclaré publiquement par son agresseur sexuel, un écrivain connu. Sébastien Davis nous en montre les ressorts autant intimes qu'extimes où, sous les traits de Ludivine Sagnier, la protagoniste nous en fait le récit.

© Christophe Raynaud de Lage.
Côté cour, Ludivine Sagnier attend à côté de Pierre Belleville le démarrage du spectacle, avant qu'elle n'investisse le plateau. Puis, pleine lumière où V. (Ludivine Sagnier) apparaît habillée en bas de jogging et des baskets avec un haut-le-corps. Elle commence son récit avec le visage fatigué et les traits tirés. En arrière-scène, un voile translucide ferme le plateau où parfois V. plante ses mains en étirant son corps après chaque séquence. Dans ces instants, c'est presque une ombre que l'on devine avec une voix, continuant sa narration, un peu en écho, comme à la fois proche, par le volume sonore, et distante par la modification de timbre qui en est effectuée.

Dans cet entre-deux où le spectacle n'a pas encore débuté, c'est autant la comédienne que l'on voit qu'une inconnue, puisqu'en dehors du plateau et se tenant à l'ombre, comme mise de côté sur une scène pourtant déjà éclairée avec un public pas très attentif de ce qui se passe.

Safidin Alouache
21/03/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024