La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Théâtre

Une Flûte Enchantée revisitée dans une version opéra-théâtre dynamique et pleine de surprises

"La Flûte Enchantée", Théâtre des Variétés, Paris

Si Mozart avait pu glisser deux mots à l’oreille de Jean-Philippe Daguerre : "Wie Ihre Zauberflöte schön ist! (Comme elle est belle votre Flûte Enchantée)", lui aurait-il dit après avoir assisté à l’une des représentations du spectacle éponyme.



© DR.
© DR.
Les mises en scène de Jean-Philippe Daguerre, une invitation à traverser les époques de Molière, d’Edmond Rostand... et Mozart de s’inscrire en lettres capitales à cette liste avec sa célèbre "Flûte Enchantée".

Cette version traduite en opéra-théâtre conserve scrupuleusement l’écriture initiale du livret, l'œuvre musicale est répliquée en français pour le théâtre et chantée en allemand pour l’opéra.

Il naît dans ce spectacle le désir de se mêler aux artistes pour participer à l’aventure du prince Tamino et un frisson parcourt l’esprit dans le deuxième acte. Sarastro a enlevé Pamina, la fille de la reine de la nuit. Le prince Tamino et Papagueno l’oiseleur vont atteindre le royaume de Sarastro pour délivrer Pamina. S’ils réussissent les épreuves imposées, ils scelleront le cœur de leur destin, l’un avec Pamina et l’autre avec Papaguena.

© DR.
© DR.
Le Théâtre des Variétés, un lieu idyllique pour découvrir cette nouvelle réalisation de Jean-Philippe Daguerre et se laisser aller en écoutant les chanteurs lyriques. Le plaisir s’installe au fur et à mesure de l’avancée de la représentation. La scénographie révèle une nouvelle fois l’imagination du metteur en scène. Qui connait son travail peut s’attendre à l’inattendu.
Jean-Philippe Daguerre possède une dynamique d’inventivité, laquelle génère un ricochet de surprises. La scène vit et vibre, l’intensité du spectacle en témoigne, la synergie des artistes lyriques et musiciens existe grâce à la naissance d’une passion et d’un fantasme, l’œuvre de Mozart traduite en une aventure humaine.

La Flûte Enchantée a toutes les apparences d’une baguette magique qui repousse les limites du temps. Le merveilleux adhère avec la dimension artistique, les costume signés Corinne Rossi apportent de l’ampleur aux personnages. Ces costumes, de fil en aiguille du grand art et, sur la scène du Théâtre des Variétés, s'improvise un défilé de robes et autres tenues qui siéent à l’esthétique de la mise en scène et à l’élégance des artistes. La composition musicale, une anthologie d’instruments à bois et à vent qui libèrent des promesses et emportent les mystères à coup de souffle et d’archet.

Les chanteurs lyriques excellent dans le répertoire d’opéra et se montrent brillants dans le registre théâtral. Un coup de plume à Papagueno, un fantastique oiseleur, une présence de tous les instants remarquée et exceptionnelle d’à-propos et d’audace. Les chorégraphies de Gilles Nicolas, la symbiose du baroque et du contemporain.
"La Flûte Enchantée"... Merci Mozart et félicitations à Jean-Philippe Daguerre et à l’ensemble des artistes.

"La Flûte Enchantée"

© DR.
© DR.
D’après l’Opéra-Théâtre de W.A. Mozart (1791).
Mise en scène : Jean-Philippe Daguerre.
Direction musicale : Petr Ruzicka.
Chorégraphie : Gilles Nicolas.
Avec : Marion Baglan (en alternance avec Géraldine Casey), Sabine Revault d’Allonnes (en alternance avec Eve Coquart), Jérémy Duffau (en alternance avec Samy Camps), Christophe Gauzeran, Alexandre Bonstein, Cécile Nodié, Stéphane Dauch (en alternance avec Jonathan Pinto Rocha), Charlotte Matzneff (en alternance avec Marie-Jo Buffon), Sylvie Cavé.
Musiciens : Marie Friez et Pauline Hauswirth (violon), François Baldassaré et Marie Kuchinsky (alto), Isabelle Dupré et Michaela Hrabankova (hautbois), Medhi El Hammami et Médéric Debaq (basson).
Costumes : Corinne Rossi.
Durée : 1 h 45.

Du 14 mai au 12 juillet 2014.
Du mardi au samedi à 20 h, en matinée les samedis et dimanches à 16 h.
Théâtre des Variétés, Paris 2e, 01 42 33 09 92
>> theatre-des-varietes.fr

Philippe Delhumeau
Jeudi 5 Juin 2014

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter







À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024