La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.
Théâtre

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel ! - 12/03/2024

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps. Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant...  

"Un Chapeau de paille d'Italie" Une version singulière et explosive interrogeant nos libertés individuelles face aux normalisations sociétales et idéologiques - 11/03/2024

Si l'art de générer des productions enthousiastes et inventives est incontestablement dans l'ADN de la compagnie L'Éternel Été, l'engagement citoyen fait aussi partie de la démarche créative de ses membres. La présente proposition ne déroge pas à la règle. Ainsi, Emmanuel Besnault et Benoît Gruel nous offrent une version décoiffante, vive, presque juvénile, mais diablement ancrée dans les...  

"L'enfant brûlé" L'amour transgressif… Comme pour mieux atteindre l'émancipation ! - 05/03/2024

En adaptant sur scène un roman de l'auteur suédois Stig Dagerman ayant connu une carrière littéraire rapide et célèbre dans les années 1945-1949, Noëmie Ksicova, dans une mise en scène qui fait de la parole un média lisse et froid pour exprimer la violence des sentiments, donne à "L'enfant brûlé" une résonance particulière, entre membres d'une même famille, nourrie de transgressions et de rejets....  

"Pauvre Bitos - Le dîner de têtes" Une pièce grinçante entre règlement de comptes et sentiment de vengeance - 01/03/2024

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, une vague d'épuration des collaborateurs s'abattait sur l'Hexagone. En écho à cette période, Anouilh a écrit un drame d'un comique et d'une truculence dont, en 1973, il disait : "Dans mon théâtre, il n'y a qu'une pièce où je me suis vraiment amusé, c'est une pièce qui a fait scandale à l'époque, c'est Pauvre Bitos. Là, j'étais très content !". Le metteur...  

"Artaud-Passion" Le Théâtre et son double, Antonin A. et William M. (ou l'inverse) - 03/03/2024

Regard halluciné, crâne planté de filins, corps tétanisé secoué de minuscules soubresauts - autant de traces erratiques des électrochocs de neuf ans d'internement - Artaud-Mesguich "apparaît" et fait voler en éclats la bien-pensance molle, fût-ce celle de ceux qui auraient voulu l'idéaliser "à bon compte". La voix d'outre-tombe de "l'interprète" (jamais ce mot ne fut plus approprié tant l'acteur...  

"Mon père (pour en finir avec)" Reçu pour solde de tout compte… - 27/02/2024

La famille, nid de prédilection de toutes les névroses, constitue une source inépuisable d'inspiration pour les dramaturges avides d'explorer la veine des joutes intrafamiliales. Pierre Notte, dont le goût pour le cabaret, le boulevard et les comédies est (re)connu, signe ici une comédie aux parfums entêtants sur un clan au bord de l'implosion lorsque, à l'initiative de leur mère, les deux frères...  

"Chœur des amants" Avec le temps… tout recommence, toute caresse toute confiance se survit - 19/02/2024

Comme on parlerait d'un roman des origines, le "Chœur des amants" de Tiago Rodrigues marque en 2007 l'entrée sur la scène théâtrale de celui qui, depuis, ne cesse de la faire vibrer, multipliant les propositions reliées par le même fil rouge : un amour inconditionnel pour l'humain. C'est là en effet la force vive qui pousse l'actuel directeur du Festival d'Avignon à raconter encore et encore des...  

"Passeport" Sous un angle théâtral virtuose, plongée au cœur de la problématique de l'immigration - 16/02/2024

Issa, jeune Érythréen, laissé pour mort dans la "jungle" de Calais, mâchoire fracturée, a perdu la mémoire. Alors que le seul élément tangible de son passé est son passeport, il entame une longue quête semée d'embûches afin d'obtenir un titre de séjour, entouré de compagnons d'infortune, Ali et Arun, un Tunisien, ancien professeur d'anglais en Syrie, et un Indien tamoul, mais surtout pour...  

"Mine de rien" L'indien, le fils et la mère : l'équation à un inconnu - 15/02/2024

Dur dur quand on est un peu "gogol" (pas au sens des mathématiques, mais de l'argot) de résoudre une équation familiale dont l'inconnu, la figure du père, tonitrue par son absence… Alors le fils attardé demande fiévreusement à la mère excédée – végétant dans un fauteuil roulant après s'être esquinté le dos à briquer les parquets des autres – de lui raconter encore et encore "l'histoire de...  

"Jean Zay, l'homme complet" Le destin tragique d'un grand homme, visionnaire et hors du commun - 14/02/2024

1940. Après un simulacre de procès, Jean Zay, ministre de l'Éducation Nationale et des Beaux-Arts du Front Populaire, radical de gauche, franc-maçon et cible des antisémites, est condamné par le gouvernement de Pétain à la déportation. Finalement incarcéré à la prison de Riom, il sera assassiné par la milice française, le 20 juin 1944. Précieux éclairage sur les années trente en France, sur son...  
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À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024