La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Trib'Une

Six Reines sur un plateau...

La chronique d'Isa-belle L

J’ai quitté un théâtre, enchantée par le "Boléro" de Ravel, pour me retrouver quelques jours plus tard, au centre d’animation culturel Maurice Ravel... Si ce n’est pas banal ça !
Dans ce centre d’animation culturel on y trouve, plus ou moins bien indiqué, le théâtre 12 et dans ce même théâtre, on peut y voir, pour plusieurs jours encore, six comédiennes... Si ce n’est pas rare ça !



Les Reines © Duc.
Les Reines © Duc.
Six comédiennes qui se battent pour décrocher la lune, enfin la couronne. Des femmes qui se crêpent le chignon, qui s’envoient des indélicatesses, des rancœurs, des femmes cruelles entre elles, des femmes du XVe, qu’on retrouve facilement au XXIe, pour des raisons diverses, des femmes qui se battent pour un autre genre de couronne : la présidentielle, par exemple !
Il est question de femmes dans la pièce de l’écrivain contemporain, et québécois, Normand Chaurette. Et en quittant la salle, justement, une idée m’est passée par la tête :
"Et si je m’intéressais d’un peu plus près à cet auteur ? Normand Chaurette".
Qu’a-t-il écrit ? Qu’a-t-il écrit après les Reines ? Qu’a-t-il écrit avant ?
Je suis curieuse moi, très curieuse. Je pousserais jusqu’à la chansonnette pour rencontrer les auteurs contemporains et traverserais le ciel pour me rendre jusqu’au Québec !
Je n’ai pas trop de temps devant moi malheureusement et sans faire des kilomètres je sais au moins que l’auteur a été le premier Québécois à avoir été joué à la Comédie Française, si ce n’est pas magique ça !

Les Reines © Duc.
Les Reines © Duc.
Nous avons donc affaire là, au théâtre 12, à cette jeune metteuse en scène, (si, elle est jeune !) qui s’attaque à un auteur venu du froid, dont le texte a été présenté au sein même de la plus grande institution de théâtre que la France connaisse, si ce n’est pas courageux ça !
Elle met en scène et elle joue, les comédiennes du XXIe sont polyvalentes et particulièrement talentueuses, vive les femmes ! C’est un combat que de se faire remarquer dans ce métier, et pour en rajouter, le combat on y a droit aussi sur la scène du théâtre.

Six comédiennes en quête d’une couronne ….

On se moque de connaître toute l’œuvre de Shakespeare, on se moque aussi d’en savoir peu ou pas assez sur la période historique, sur Richard III dont la pièce est partiellement tirée. Il y a six comédiennes qui se battent avec des mots et les mots ne sont pas simples. Elles composent parfaitement bien, énergiques, combatives, colériques, cruelles, énigmatiques, elles le sont toutes. Si ce n’est pas moderne ça !

Les Reines © Duc.
Les Reines © Duc.
Je me suis pris une claque, encore, décidément je vais finir bien mal en point à allonger ainsi mes gambettes dans toutes les salles de notre capitale. Après Amélie Nothomb, la Belge, j’ai eu droit à Normand Chaurette, le Québécois, et après….
Oui. Après les Reines ? Qu’a écrit Normand Chaurette ? Et Aude Ollier, que va-t-elle nous présenter ?
Je suis curieuse, c’est un atout dans ce métier.
Et cette jeune femme qui a osé s’emparer d’un texte pareil, pour en faire un bel objet, j’aimerais bien qu’elle m’emmène dans une de ses valises, ces valises que le spectateur aperçoit, alignées, comme décor, en arrière scène.
Des valises rarement ouvertes, sauf une, partie un moment puis finalement revenue, c’est tout ce que je leur souhaite à ces (sirènes) six reines, qu’elles reviennent sur le devant de la scène.

"Les Reines"

Les Reines © Duc.
Les Reines © Duc.
(Vu le 7/10/2011)
Texte : Norman Chaurette.
Mise en scène : Aude Ollier.
Avec : Sophie Cartier Dodds, Soizic Fonjallaz, Eve Herszfed, Franka Hoareau, Aude Ollier, Caroline Valentin.
Musique : Stanislas Couix.

A eu lieu du 15 septembre au 16 octobre 2011.
Au Théâtre Douze, Paris 12e.

Reprise
Spectacle du 18 octobre au 20 décembre 2011.
Tous les mardis à 19 h. Durée : 1 h 30.
Théâtre de Ménilmontant, Paris 20e.
Réservations : 01 46 36 98 60.
http://www.les-reines.com/accueil.htm

Isabelle Lauriou
Samedi 15 Octobre 2011

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter







À découvrir

"Le Chef-d'œuvre Inconnu" Histoire fascinante transcendée par le théâtre et le génie d'une comédienne

À Paris, près du quai des Grands-Augustins, au début du XVIIe siècle, trois peintres devisent sur leur art. L'un est un jeune inconnu promis à la gloire : Nicolas Poussin. Le deuxième, Franz Porbus, portraitiste du roi Henri IV, est dans la plénitude de son talent et au faîte de sa renommée. Le troisième, le vieux Maître Frenhofer, personnage imaginé par Balzac, a côtoyé les plus grands maîtres et assimilé leurs leçons. Il met la dernière main dans le plus grand secret à un mystérieux "chef-d'œuvre".

© Jean-François Delon.
Il faudra que Gilette, la compagne de Poussin, en qui Frenhofer espère trouver le modèle idéal, soit admise dans l'atelier du peintre, pour que Porbus et Poussin découvrent le tableau dont Frenhofer gardait jalousement le secret et sur lequel il travaille depuis 10 ans. Cette découverte les plongera dans la stupéfaction !

Quelle autre salle de spectacle aurait pu accueillir avec autant de justesse cette adaptation théâtrale de la célèbre nouvelle de Balzac ? Une petite salle grande comme un mouchoir de poche, chaleureuse et hospitalière malgré ses murs tout en pierres, bien connue des férus(es) de théâtre et nichée au cœur du Marais ?

Cela dit, personne ne nous avait dit qu'à l'Essaïon, on pouvait aussi assister à des séances de cinéma ! Car c'est pratiquement à cela que nous avons assisté lors de la générale de presse lundi 27 mars dernier tant le talent de Catherine Aymerie, la comédienne seule en scène, nous a emportés(es) et transportés(es) dans l'univers de Balzac. La force des images transmises par son jeu hors du commun nous a fait vire une heure d'une brillante intensité visuelle.

Pour peu que l'on foule de temps en temps les planches des théâtres en tant que comédiens(nes) amateurs(es), on saura doublement jauger à quel point jouer est un métier hors du commun !
C'est une grande leçon de théâtre que nous propose là la Compagnie de la Rencontre, et surtout Catherine Aymerie. Une très grande leçon !

Brigitte Corrigou
06/03/2024
Spectacle à la Une

"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

Par extension, l'expression sous-entend que les moindres petits événements peuvent déterminer des phénomènes qui paraissent imprévisibles et incontrôlables ou qu'une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets importants. Ainsi, les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peuvent engendrer une tornade au Mexique ou au Texas !

C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

"Le mystérieux est le plus beau sentiment que l'on peut ressentir", Albert Einstein. Et si le plus beau spectacle de mentalisme du moment, en cette rentrée parisienne, c'était celui-là ? Car Tahar Mansour y est fascinant à plusieurs niveaux, lui qui voulait devenir ingénieur, pour qui "Centrale" n'a aucun secret, mais qui, pourtant, a toujours eu une âme d'artiste bien ancrée au fond de lui. Le secret de ce spectacle exceptionnel et époustouflant serait-il là, niché au cœur du rationnel et de la poésie ?

Brigitte Corrigou
08/09/2023
Spectacle à la Une

"Deux mains, la liberté" Un huis clos intense qui nous plonge aux sources du mal

Le mal s'appelle Heinrich Himmler, chef des SS et de la Gestapo, organisateur des camps de concentration du Troisième Reich, très proche d'Hitler depuis le tout début de l'ascension de ce dernier, près de vingt ans avant la Deuxième Guerre mondiale. Himmler ressemble par son physique et sa pensée à un petit, banal, médiocre fonctionnaire.

© Christel Billault.
Ordonné, pratique, méthodique, il organise l'extermination des marginaux et des Juifs comme un gestionnaire. Point. Il aurait été, comme son sous-fifre Adolf Eichmann, le type même décrit par Hannah Arendt comme étant la "banalité du mal". Mais Himmler échappa à son procès en se donnant la mort. Parfois, rien n'est plus monstrueux que la banalité, l'ordre, la médiocrité.

Malgré la pâleur de leur personnalité, les noms de ces âmes de fonctionnaires sont gravés dans notre mémoire collective comme l'incarnation du Mal et de l'inimaginable, quand d'autres noms - dont les actes furent éblouissants d'humanité - restent dans l'ombre. Parmi eux, Oskar Schindler et sa liste ont été sauvés de l'oubli grâce au film de Steven Spielberg, mais également par la distinction qui lui a été faite d'être reconnu "Juste parmi les nations". D'autres n'ont eu aucune de ces deux chances. Ainsi, le héros de cette pièce, Félix Kersten, oublié.

Joseph Kessel lui consacra pourtant un livre, "Les Mains du miracle", et, aujourd'hui, Antoine Nouel, l'auteur de la pièce, l'incarne dans la pièce qu'il a également mise en scène. C'est un investissement total que ce comédien a mis dans ce projet pour sortir des nimbes le visage étonnant de ce personnage de l'Histoire qui, par son action, a fait libérer près de 100 000 victimes du régime nazi. Des chiffres qui font tourner la tête, mais il est le résultat d'une volonté patiente qui, durant des années, négocia la vie contre le don.

Bruno Fougniès
15/10/2023