La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
CédéDévédé

Promenade féerique et animalière dans la classe de Mademoiselle Plume à l'école des fables

Bienvenue dans la classe de Mademoiselle Plume, la maîtresse de l'école des fables où on trouve toutes sortes d'animaux farfelus dont les traits de caractère et les travers ressemblent étrangement à ceux des hommes. On croise ainsi des personnages tous plus dingues et plus amusants les uns que les autres... Mais attention, les fables ainsi contées se comprennent à différents niveaux de lecture et le ton est caustique, délirant, féerique et jamais complaisant.



©  Monsieur B.
© Monsieur B.
Dans ce bestiaire aux animaux singuliers, on fait la connaissance notamment d'une mouche qui ne fait pas bzz, bzz, bzz, fait du boucan et a un complexe car ses ailes sont vaguement en dentelles mais finira star dans un cirque ; d'un loup peureux et amoureux, au style grisonnant, qui ne ferait pas de mal à la mouche précédemment citée ; du roi des animaux, son altesse le lion dévoreur de petits agneaux ; d'un canasson, ex-cheval de course, chanteur de charme qui a le blues de ne pas être reconnu comme crooner, d'un moineau qui veut devenir un aigle royal et changer son quotidien pour une vie qui décoiffe ; d'un dauphin triste qui ne savait pas nager ; d'un poisson volant amoureux d'une hirondelle…

Chacun est l'objet d'une histoire étonnante narrée sur des musiques entraînantes et joliment mélodiques qui se retiennent facilement, comme des ritournelles que l'on aurait toujours sues. Et l'un des messages ici véhiculés concerne l'amour universel qui nous aide à nous battre et à donner un sens à nos vies. Ici, le propos est autant de faire la joie des enfants que de rappeler que la vie n'est pas simple pour tout le monde... Et qu'il faut rester attentif aux autres et savoir les aider... d'une manière ou d'une autre... Ce CD est en l'exemple puisqu'une partie des recettes est reversée à l'ARSEP Fondation (Fondation pour l'aide à la Recherche à la sclérose En Plaques).

Comment est né le projet de "L'école des fables" ?

Valentin Marceau (interprète) - Après une séance de travail avec Christian (Vié), nous nous sommes retrouvés autour d'un verre pour décompresser. Je suis de nature assez curieuse et j'adore fouiller dans son ordinateur qui cache très souvent de jolies petites merveilles. J'ai découvert quelques fables qu'il avait écrites par pur plaisir, mais sans réelle intention de les proposer... "Le moineau", "La mouche", "Le loup peureux". J'étais super emballé par les textes dans lesquels chacun peut se reconnaître, et il y avait cette touche humoristique, propre à Christian, que j'adore ! Il fallait absolument qu'il en écrive d'autres pour proposer un recueil de fables !

L'ensemble de l'album est gai, avec beaucoup d'entrain et respire la joie de vivre. Quel est le secret ?

Thomas Semence (compositeur et réalisateur) - Des textes sympas, l'envie de s'amuser, et surtout des interprètes motivés autour d'un projet fédérateur ! La première chanson que j'ai composée est "Le loup peureux" que je souhaitais faire interpréter à Jean-Louis Aubert. Il n'a pas hésité une seule seconde à participer au projet, et c'est avec beaucoup d'enthousiasme qu'il a enregistré cette chanson, comme l'ensemble des autres artistes qui se sont mobilisés avec générosité pour ce projet.

Illustrations : Monsieur B - Coloriste : Angus.
Illustrations : Monsieur B - Coloriste : Angus.
Se sont alors enchaînés : Ours, génial dans "La mouche", Valentin qui a chanté "Le poisson volant", Joyce Jonathan et sa fabuleuse interprétation du titre "Le moineau", Rose et "Le petit esquimau", Saule et Albin de la Simone qui nous ont offert une très belle chanson sur "Le chemin des tortues"… Bref, ils ont tous été vraiment cool. Hanna, Benoît Dorémus, Axel Bauer, Marc Aymon, et même Doc Gynéco est venu participer à la fête ! Et un casting de choix pour animer la classe de la mystérieuse inconnue Mademoiselle Plume…

Mais qui est Mademoiselle Plume, cette maîtresse pas tout à fait comme les autres ?

Christian Vié (auteur) - Mademoiselle Plume est ma fille, Émilie. Elle a contracté la sclérose en plaques à l'âge de 16 ans. Elle a d'abord perdu la vue, l'équilibre, et s'est mise à ne plus sentir ses membres inférieurs. Après de lourds examens, la maladie a été diagnostiquée. Ce fut le début de longues semaines de traitement extrêmement fatigant et contraignant, mais Émilie n'a jamais baissé les bras. Elle a aujourd'hui, grâce aux progrès de la recherche médicale, une vie presque normale. à 35 ans, elle exerce sa profession de comédienne avec passion. Elle s'est d'ailleurs beaucoup amusée en interprétant le rôle de Mademoiselle Plume dans L'école des fables...

©  Monsieur B.
© Monsieur B.
Il n'existe pour l'instant pas de traitement pour guérir la sclérose en plaques. On peut la bloquer, la freiner, mais pas l'arrêter, et c'est un combat journalier... Cela faisait longtemps que je voulais faire un projet qui puisse soutenir la recherche pour la lutte contre la sclérose en plaques. Il était important pour moi de me rendre un peu utile, car en tant que parent on se sent souvent impuissant face à cette situation.

Avec Thomas et Valentin nous avons décidé de rencontrer le directeur de l'ARSEP Fondation, pour lui faire part de notre intention d'aider la recherche contre cette maladie en reversant une partie des recettes de "L'école des fables".

● "L'école des fables".
D'après une idée originale de Christian Vié, Valentin Marceau et Thomas Semence.
Illustrations : Monsieur B - Coloriste : Angus.
Avec : Albin de la Simone, Jean-Louis Aubert, Joyce Jonathan, Rose, Ours, Saule, Benoît Dorémus, Axel Bauer, Hanna, Doc Gynéco, et bien d'autres.
CD et Livre CD disponibles.
Label : Artisan Producteur - Mélodium Music.
Distribution : Éditions Éveil et Découvertes.
Sortie : septembre 2017 (8 septembre pour le CD et 21 Septembre pour le Livre-CD).

2 décembre 2017.
À 15 h.
L'Européen, Paris 17e, 0 892 68 36 22.
>> leuropeen.paris


Gil Chauveau
Samedi 11 Novembre 2017

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter







À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Mon Petit Grand Frère" Récit salvateur d'un enfant traumatisé au bénéfice du devenir apaisé de l'adulte qu'il est devenu

Comment dire l'indicible, comment formuler les vagues souvenirs, les incertaines sensations qui furent captés, partiellement mémorisés à la petite enfance. Accoucher de cette résurgence voilée, diffuse, d'un drame familial ayant eu lieu à l'âge de deux ans est le parcours théâtral, étonnamment réussie, que nous offre Miguel-Ange Sarmiento avec "Mon petit grand frère". Ce qui aurait pu paraître une psychanalyse impudique devient alors une parole salvatrice porteuse d'un écho libératoire pour nos propres histoires douloureuses.

© Ève Pinel.
9 mars 1971, un petit bonhomme, dans les premiers pas de sa vie, goûte aux derniers instants du ravissement juvénile de voir sa maman souriante, heureuse. Mais, dans peu de temps, la fenêtre du bonheur va se refermer. Le drame n'est pas loin et le bonheur fait ses valises. À ce moment-là, personne ne le sait encore, mais les affres du destin se sont mis en marche, et plus rien ne sera comme avant.

En préambule du malheur à venir, le texte, traversant en permanence le pont entre narration réaliste et phrasé poétique, nous conduit à la découverte du quotidien plein de joie et de tendresse du pitchoun qu'est Miguel-Ange. Jeux d'enfants faits de marelle, de dinette, de billes, et de couchers sur la musique de Nounours et de "bonne nuit les petits". L'enfant est affectueux. "Je suis un garçon raisonnable. Je fais attention à ma maman. Je suis un bon garçon." Le bonheur est simple, mais joyeux et empli de tendresse.

Puis, entre dans la narration la disparition du grand frère de trois ans son aîné. La mort n'ayant, on le sait, aucune morale et aucun scrupule à commettre ses actes, antinaturelles lorsqu'il s'agit d'ôter la vie à un bambin. L'accident est acté et deux gamins dans le bassin sont décédés, ceux-ci n'ayant pu être ramenés à la vie. Là, se révèle l'avant et l'après. Le bonheur s'est enfui et rien ne sera plus comme avant.

Gil Chauveau
05/04/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024