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Concerts

Musique à L’Emperi : Salon de musique, Salon d’amour

Le Festival international de musique de Salon-de-Provence, créé par un trio de passionnés en 1992, débutera le 29 juillet 2014 avec une riche programmation de musique de chambre sur le thème des grandes passions amoureuses. Une 22e édition à ne pas manquer avec la venue de maints interprètes de premier plan telle la mezzo Karine Deshayes.



© Nicolas Tavernier.
© Nicolas Tavernier.
À l'origine trois amis, chambristes de cœur, décident qu'ils vont réunir une trentaine d'artistes d'envergure au cœur de cette Provence où le pianiste Éric Le Sage a ses racines et qu'adorent le flûtiste Emmanuel Pahud et le clarinettiste Paul Meyer. Tous les ingrédients sont réunis pour que ce festival devienne le troisième rendez-vous musical de la région avec ceux de La Roque d'Anthéron et d'Aix-en-Provence : un lieu magique (le château gothique de l'Emperi sur son promontoire rocheux et sa cour Renaissance), une programmation pointue faisant la part belle au grand répertoire comme à la modernité, des artistes aux carrières internationales bien établies. Deux concerts par jour dans une ambiance décontractée aux antipodes des concerts institutionnels habituels.

Le public connaît bien désormais Emmanuel Pahud, le soliste du Philharmonique de Berlin, qui codirige ce festival avec ses deux complices, Éric Le Sage (ce digne représentant de l'école française de piano qui poursuit depuis 2006 son intégrale des œuvres de Robert Schumann) et Paul Meyer, concertiste et maintenant chef d'orchestre. Cette année, ils entendent nous parler d'amour en musique avec des compositeurs tels les époux Schumann ou Johannes Brahms, avec des sérénades, des romances et des lieds de Fauré à Bizet ou Debussy, avec des grandes œuvres de Schubert, Prokofiev, Mozart ou Messiaen. Cette année encore la musique contemporaine n'est pas oubliée avec trois créations de Philippe Hersant, Jérôme Combier et Christian Rivet.

Emmanuel Pahud, Éric Le Sage et Paul Meyer © Nicolas Tavernier.
Emmanuel Pahud, Éric Le Sage et Paul Meyer © Nicolas Tavernier.
Tout juste en congé de l'opéra Garnier où elle vient de chanter le rôle titre de Monteverdi dans "Le couronnement de Poppée", l'irrésistible mezzo Karine Deshayes vient pour la première fois à l'Emperi interpréter les "Chansons de Bilitis" de Debussy, en digne héritière de son mentor Régine Crespin - un cycle admirable composé à partir de poèmes de Pierre Louÿs par l'habitué des mardis de Mallarmé -, entre nombreux autres chefs-d'œuvre de la musique romantique ou post-romantique. Les habitués tel le pianiste Franck Braley côtoieront les nouveaux (le pianiste Adam Laloum, le violoncelliste Julian Steckel) et non des moindres (pas moins de trois solistes du Berliner Philharmoniker accompagneront Emmanuel Pahud).

Surtout ne ratez pas les ténors de cette 22e édition. Tout d'abord le jeune Jean-Jacques L'Anthoën - en congé de l'ensemble "Pygmalion" - et l'allemand Julian Prégardien à la carrière déjà bien remplie et qui brille en marchant dans les traces de son père Christoph. C'est dans le répertoire du lied qu'il vient confirmer son expertise à l'Emperi après la sortie remarquée de son CD "An die Geliebte" chez Myrios Classics. On ne ratera pas non plus le spectacle gratuit du deux août sur la place Saint-Michel avec le Concert de marimba de Ria Ideta.

Du 29 juillet au 8 août 2014.

Renseignements et réservations : 04 90 56 00 82.
info@festival-salon.fr
>> festival-salon.fr

Concerts de 18 h : Église Saint-Michel Salon-de-Provence (13).
Concerts de 21 h : Château de l'Emperi Salon de Provence (13).

Christine Ducq
Dimanche 27 Juillet 2014

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Concerts | Lyrique







À découvrir

"Le Chef-d'œuvre Inconnu" Histoire fascinante transcendée par le théâtre et le génie d'une comédienne

À Paris, près du quai des Grands-Augustins, au début du XVIIe siècle, trois peintres devisent sur leur art. L'un est un jeune inconnu promis à la gloire : Nicolas Poussin. Le deuxième, Franz Porbus, portraitiste du roi Henri IV, est dans la plénitude de son talent et au faîte de sa renommée. Le troisième, le vieux Maître Frenhofer, personnage imaginé par Balzac, a côtoyé les plus grands maîtres et assimilé leurs leçons. Il met la dernière main dans le plus grand secret à un mystérieux "chef-d'œuvre".

© Jean-François Delon.
Il faudra que Gilette, la compagne de Poussin, en qui Frenhofer espère trouver le modèle idéal, soit admise dans l'atelier du peintre, pour que Porbus et Poussin découvrent le tableau dont Frenhofer gardait jalousement le secret et sur lequel il travaille depuis 10 ans. Cette découverte les plongera dans la stupéfaction !

Quelle autre salle de spectacle aurait pu accueillir avec autant de justesse cette adaptation théâtrale de la célèbre nouvelle de Balzac ? Une petite salle grande comme un mouchoir de poche, chaleureuse et hospitalière malgré ses murs tout en pierres, bien connue des férus(es) de théâtre et nichée au cœur du Marais ?

Cela dit, personne ne nous avait dit qu'à l'Essaïon, on pouvait aussi assister à des séances de cinéma ! Car c'est pratiquement à cela que nous avons assisté lors de la générale de presse lundi 27 mars dernier tant le talent de Catherine Aymerie, la comédienne seule en scène, nous a emportés(es) et transportés(es) dans l'univers de Balzac. La force des images transmises par son jeu hors du commun nous a fait vire une heure d'une brillante intensité visuelle.

Pour peu que l'on foule de temps en temps les planches des théâtres en tant que comédiens(nes) amateurs(es), on saura doublement jauger à quel point jouer est un métier hors du commun !
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06/03/2024
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"L'Effet Papillon" Se laisser emporter au fil d'un simple vol de papillon pour une fascinante expérience

Vous pensez que vos choix sont libres ? Que vos pensées sont bien gardées dans votre esprit ? Que vous êtes éventuellement imprévisibles ? Et si ce n'était pas le cas ? Et si tout partait de vous… Ouvrez bien grands les yeux et vivez pleinement l'expérience de l'Effet Papillon !

© Pics.
Vous avez certainement entendu parler de "l'effet papillon", expression inventée par le mathématicien-météorologue Edward Lorenz, inventeur de la théorie du chaos, à partir d'un phénomène découvert en 1961. Ce phénomène insinue qu'il suffit de modifier de façon infime un paramètre dans un modèle météo pour que celui-ci s'amplifie progressivement et provoque, à long terme, des changements colossaux.

Par extension, l'expression sous-entend que les moindres petits événements peuvent déterminer des phénomènes qui paraissent imprévisibles et incontrôlables ou qu'une infime modification des conditions initiales peut engendrer rapidement des effets importants. Ainsi, les battements d'ailes d'un papillon au Brésil peuvent engendrer une tornade au Mexique ou au Texas !

C'est à partir de cette théorie que le mentaliste Taha Mansour nous invite à nouveau, en cette rentrée, à effectuer un voyage hors du commun. Son spectacle a reçu un succès notoire au Sham's Théâtre lors du Festival d'Avignon cet été dernier.

Impossible que quiconque sorte "indemne" de cette phénoménale prestation, ni que nos certitudes sur "le monde comme il va", et surtout sur nous-mêmes, ne soient bousculées, chamboulées, contrariées.

"Le mystérieux est le plus beau sentiment que l'on peut ressentir", Albert Einstein. Et si le plus beau spectacle de mentalisme du moment, en cette rentrée parisienne, c'était celui-là ? Car Tahar Mansour y est fascinant à plusieurs niveaux, lui qui voulait devenir ingénieur, pour qui "Centrale" n'a aucun secret, mais qui, pourtant, a toujours eu une âme d'artiste bien ancrée au fond de lui. Le secret de ce spectacle exceptionnel et époustouflant serait-il là, niché au cœur du rationnel et de la poésie ?

Brigitte Corrigou
08/09/2023
Spectacle à la Une

"Deux mains, la liberté" Un huis clos intense qui nous plonge aux sources du mal

Le mal s'appelle Heinrich Himmler, chef des SS et de la Gestapo, organisateur des camps de concentration du Troisième Reich, très proche d'Hitler depuis le tout début de l'ascension de ce dernier, près de vingt ans avant la Deuxième Guerre mondiale. Himmler ressemble par son physique et sa pensée à un petit, banal, médiocre fonctionnaire.

© Christel Billault.
Ordonné, pratique, méthodique, il organise l'extermination des marginaux et des Juifs comme un gestionnaire. Point. Il aurait été, comme son sous-fifre Adolf Eichmann, le type même décrit par Hannah Arendt comme étant la "banalité du mal". Mais Himmler échappa à son procès en se donnant la mort. Parfois, rien n'est plus monstrueux que la banalité, l'ordre, la médiocrité.

Malgré la pâleur de leur personnalité, les noms de ces âmes de fonctionnaires sont gravés dans notre mémoire collective comme l'incarnation du Mal et de l'inimaginable, quand d'autres noms - dont les actes furent éblouissants d'humanité - restent dans l'ombre. Parmi eux, Oskar Schindler et sa liste ont été sauvés de l'oubli grâce au film de Steven Spielberg, mais également par la distinction qui lui a été faite d'être reconnu "Juste parmi les nations". D'autres n'ont eu aucune de ces deux chances. Ainsi, le héros de cette pièce, Félix Kersten, oublié.

Joseph Kessel lui consacra pourtant un livre, "Les Mains du miracle", et, aujourd'hui, Antoine Nouel, l'auteur de la pièce, l'incarne dans la pièce qu'il a également mise en scène. C'est un investissement total que ce comédien a mis dans ce projet pour sortir des nimbes le visage étonnant de ce personnage de l'Histoire qui, par son action, a fait libérer près de 100 000 victimes du régime nazi. Des chiffres qui font tourner la tête, mais il est le résultat d'une volonté patiente qui, durant des années, négocia la vie contre le don.

Bruno Fougniès
15/10/2023