La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Concerts

Les Accrochages de Gérard Caussé et ses amis à Gaveau

L'altiste Gérard Caussé fait dialoguer musique et littérature dans un cycle de trois rencontres et trois créations Salle Gaveau. Après une soirée consacrée au compositeur Richard Dubugnon le 28 septembre, Tomas Bordalejo et Philippe Hersant, les 26 octobre et 23 novembre, seront ses invités - toujours très bien entourés.



Gérard Caussé © DR.
Gérard Caussé © DR.
Chaque soirée donne l'occasion à un compositeur invité par Gérard Caussé de livrer au public la part littéraire de son inspiration. Chacune des trois œuvres, créée à l'occasion de ces concerts par de talentueux interprètes pour ce salon de musique d'un nouveau genre, est accompagnée d'un programme qui lui fait écho.

Le 28 septembre, les "Carnets d'un synesthète" opus 74 de Richard Dubugnon, rêveries musicales chantées ou parlées sur des auteurs tels Baudelaire et Rimbaud, furent donnés en regard des "Märchenbilder" (ou contes pour sorcières) de Robert Schumann et un Prélude (pour le violoncelle du talentueux Edgar Moreau et un piano dans un arrangement de R. Dubugnon) de Scriabine.

De même que la lecture de "Hypnagogia", texte tiré de la correspondance entre le compositeur suisse à l'honneur et le neurologue Olivier Sacks (1), résonnait avec des mélodies de Fauré extraites de "La Bonne Chanson" opus 61 - évidemment inspirées par Verlaine. Au piano, Itamar Golan dialoguait en toute amitié avec l'alto virtuose de Gérard Caussé et R. Dubugnon, en récitant facétieux et timide, dans un petit salon très proustien reconstitué sur scène - avec son gramophone.

Tomas Bordalejo © DR.
Tomas Bordalejo © DR.
En deuxième partie de concert, "La Chanson perpétuelle" de Ernest Chausson était défendue avec ferveur par la mezzo Marie Kalinine. Ce beau moment de camaraderie et d'intimité non dénuée d'humour se terminait par un magnifique sextuor - composé du grand Quatuor Modigliani (2), de Gérard Caussé et Edgar Moreau, avec une "Nuit transfigurée" de Arnold Schoenberg supérieurement inspirée.

Notes :
(1) Olivier Sacks auteur de "Musicophilia", un essai sur le pouvoir de la musique sur notre cerveau et notre psyché.
(2) François Kieffer souffrant était remplacé ce 28 septembre par le violoncelliste Christophe Morin.


Prochains concerts les 28 octobre et 23 novembre 2015 à 20 h 30.
Salle Gaveau,
45 rue La Boétie 75008.
Tél. : 01 49 53 05 07.
>> sallegaveau.com

Philippe Hersant © A. Yanez.
Philippe Hersant © A. Yanez.
28 septembre 2015.
"Correspondances", Richard Dubugnon.
Itamar Golan, piano.
Marie Kalinine, mezzo-soprano.
Gérard Caussé, alto.
Edgar Moreau, violoncelle.
Quatuor Modigliani.

26 octobre 2015.
"Rythmes et contrastes", Tomas Bordalejo.
Vincent Lhermet, accordéon.
Alexandra Conunova, violon.
David Kadouch, piano.
Armelle Khoudroian, soprano.
Gérard Caussé, alto.
Michel Portal, clarinette.

23 novembre 2015.
"Victor Segalen et le voyage d'Orient", Philippe Hersant.
Sasha Boldashev, harpe.
Yael Raanan Vandor, mezzo-soprano.
Gérard Caussé, alto.
Mathieu Herzog et l'Ensemble orchestral.

Christine Ducq
Mercredi 14 Octobre 2015

Nouveau commentaire :

Concerts | Lyrique





Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Le consentement" Monologue intense pour une tentative de récit libératoire

Le livre avait défrayé la chronique à sa sortie en levant le voile sur les relations pédophiles subies par Vanessa Springora, couvertes par un milieu culturel et par une époque permissive où ce délit n'était pas considéré comme tel, même quand celui-ci était connu, car déclaré publiquement par son agresseur sexuel, un écrivain connu. Sébastien Davis nous en montre les ressorts autant intimes qu'extimes où, sous les traits de Ludivine Sagnier, la protagoniste nous en fait le récit.

© Christophe Raynaud de Lage.
Côté cour, Ludivine Sagnier attend à côté de Pierre Belleville le démarrage du spectacle, avant qu'elle n'investisse le plateau. Puis, pleine lumière où V. (Ludivine Sagnier) apparaît habillée en bas de jogging et des baskets avec un haut-le-corps. Elle commence son récit avec le visage fatigué et les traits tirés. En arrière-scène, un voile translucide ferme le plateau où parfois V. plante ses mains en étirant son corps après chaque séquence. Dans ces instants, c'est presque une ombre que l'on devine avec une voix, continuant sa narration, un peu en écho, comme à la fois proche, par le volume sonore, et distante par la modification de timbre qui en est effectuée.

Dans cet entre-deux où le spectacle n'a pas encore débuté, c'est autant la comédienne que l'on voit qu'une inconnue, puisqu'en dehors du plateau et se tenant à l'ombre, comme mise de côté sur une scène pourtant déjà éclairée avec un public pas très attentif de ce qui se passe.

Safidin Alouache
21/03/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024