La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Festivals

Festival "Les Originales", la chanson d'auteur en Pays de Morlaix

On a les amis que l'on mérite… Pour ma part, et en toute logique, certains sont issus du milieu du spectacle. L'un d'eux, Serge Abramovicz, qui m'était le plus précieux, est parti début février pour le pays de l'envers du décor, alors qu'il participait à l'élaboration du festival Les Originales à Morlaix, initié par le groupe local La Souris Noire. Ce festival se déroule en ce moment et lui est dédié.



© Éric Giammattei.
© Éric Giammattei.
Secrétaire d'artistes, monsieur Loyal, régisseur de plateau, animateur et organisateur d’événements culturels, il avait été également le "manager" de nombreux artistes (l'humoriste Pierre Henri, la chanteuse Annie Jeanne, Annie Papin, Vaiven Flamenco, etc.). Engagé politiquement, proche du Parti Communiste, il avait contribué pendant de nombreuses années à la diffusion de spectacles dans les comités d'entreprises, les CCAS, les institutions sociales et les villages vacances. Il avait aussi fait tourner Nicoletta, Nicole Rieux, les célèbres chœur et orchestre de l'Armée Rouge, entre autres.

Nous avions longuement échangé fin 2015 sur la situation de la "chanson à textes", de sa diffusion, de sa place dans les médias, dans les programmations, et donc de la pertinence de créer un festival consacré à cette chanson d'auteurs à Morlaix dans le Finistère. Ce festival a vu le jour grâce à ses conseils, à la persévérance d'Éric et Marie Pellerin, et de toute l'équipe de La Souris Noire. Il a débuté le 21 mai et se déroule jusqu'au 6 juin dans différents lieux du Pays de Morlaix.

Clarisse Lavanant © Éric Giammattei.
Clarisse Lavanant © Éric Giammattei.
Le festival a donc débuté le 21 mai avec une évocation des cabarets parisiens - dont Serge était devenu un spécialiste, voire un historien du "vécu" pour les avoir fréquentés assidûment - par une troupe d'artistes morlaisiens menée par Claude Bonnard du Théâtre de la Corniche. Le week-end dernier, un plateau de jeunes espoirs locaux (Éva Hélia, Jean Hurien, Kerguilhom, Mouss'ik) était présenté à Sainte-Sève, "banlieue" de Morlaix.

Puis, à Plouégat-Guerrand, Salle Guillaume Le Jean, on pouvait assister à la nouvelle création de La Sourie Noire : "L'heure de la gamelle". Spectacle tissé de chansons engagées, celui-ci s'inspire de la fermeture des abattoirs Gad et de ses conséquences sur le quotidien de ceux qui ont vécu ce traumatisme. Suivait le récital de la marraine de cette première édition, Francesca Solleville, grande dame de la chanson dont le répertoire est composé des textes poétiques d'Aragon, Eluard, Genet, Mac-Orlan ou Guillevic… tout comme ceux de jeunes auteurs compositeurs qu'elle a découverts au fil de ses rencontres artistiques.

Il reste encore un week-end pour apprécier la qualité de cette première programmation avec, jeudi 2 juin, Clarisse Lavanant et Laurent Gourvez, deux artistes complices qui chanteront l'amour de la Bretagne sur la scène de l'Espace du Roudour à Saint-Martin-des-Champs. Le 3 juin, Christian Paccoud et son accordéon délivreront leur fougue et leur énergie communicatives à Locquirec.

Marie Pellerin et Serge Abramovicz, membres de l'équipe des organisateurs du festival © Ouest-France.
Marie Pellerin et Serge Abramovicz, membres de l'équipe des organisateurs du festival © Ouest-France.
Les Bab Singers, qui explorent la chanson française au travers du thème de l'Amour, représenteront celui-ci en cinq tableaux (sur les différentes façons d'aimer, sur le flirt, la rupture, et l'amour qui dure…) le samedi 4 au Théâtre du Pays de Morlaix. Le dimanche 5 juin aux Moyens du Bord (Manufacture des Tabacs, Morlaix), le Théâtre de la Corniche présentera un hommage à Bernard Dimey intitulé "Dis-moi Dimey". Et pour clore ce premier festival, lundi 6 juin au Théâtre du Pays de Morlaix, l'Ensemble Chrysalia, autour de la soprano Aurore Keraudy, du pianiste Gianni Gambardella et du comédien Alexandre Laval, emmènera le public dans un voyage où les poésies de Verlaine, Chénier ou Musset sont mises en musique par Poulenc, Debussy ou Fauré.

À noter qu'une exposition, "Visages d'artistes", a lieu du 21 mai au 15 juin au café galerie Le Tempo à Morlaix. Il s'agit d'une série de portraits d'artistes en concert du photographe de scène Éric Giammattei.

Festival Les Originales.
Jusqu'au 6 juin 2016.
Dans différents villes du Pays de Morlaix et à Morlaix.
Contact : 06 16 34 36 97.
festival.lesoriginales@gmail.com
>> lasourisnoire.com

À Serge.

Gil Chauveau
Mercredi 1 Juin 2016

Nouveau commentaire :

Théâtre | Danse | Concerts & Lyrique | À l'affiche | À l'affiche bis | Cirque & Rue | Humour | Festivals | Pitchouns | Paroles & Musique | Avignon 2017 | Avignon 2018 | Avignon 2019 | CédéDévédé | Trib'Une | RV du Jour | Pièce du boucher | Coulisses & Cie | Coin de l’œil | Archives | Avignon 2021 | Avignon 2022 | Avignon 2023 | Avignon 2024 | À l'affiche ter





Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Le consentement" Monologue intense pour une tentative de récit libératoire

Le livre avait défrayé la chronique à sa sortie en levant le voile sur les relations pédophiles subies par Vanessa Springora, couvertes par un milieu culturel et par une époque permissive où ce délit n'était pas considéré comme tel, même quand celui-ci était connu, car déclaré publiquement par son agresseur sexuel, un écrivain connu. Sébastien Davis nous en montre les ressorts autant intimes qu'extimes où, sous les traits de Ludivine Sagnier, la protagoniste nous en fait le récit.

© Christophe Raynaud de Lage.
Côté cour, Ludivine Sagnier attend à côté de Pierre Belleville le démarrage du spectacle, avant qu'elle n'investisse le plateau. Puis, pleine lumière où V. (Ludivine Sagnier) apparaît habillée en bas de jogging et des baskets avec un haut-le-corps. Elle commence son récit avec le visage fatigué et les traits tirés. En arrière-scène, un voile translucide ferme le plateau où parfois V. plante ses mains en étirant son corps après chaque séquence. Dans ces instants, c'est presque une ombre que l'on devine avec une voix, continuant sa narration, un peu en écho, comme à la fois proche, par le volume sonore, et distante par la modification de timbre qui en est effectuée.

Dans cet entre-deux où le spectacle n'a pas encore débuté, c'est autant la comédienne que l'on voit qu'une inconnue, puisqu'en dehors du plateau et se tenant à l'ombre, comme mise de côté sur une scène pourtant déjà éclairée avec un public pas très attentif de ce qui se passe.

Safidin Alouache
21/03/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024