La Revue du Spectacle, le magazine des arts de la scène et du spectacle vivant. Infos théâtre, chanson, café-théâtre, cirque, arts de la rue, agenda, CD, etc.



Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager
Concerts

Des concerts de l'Orchestre de Paris à ne pas rater pour fêter Noël

Les 11 et 12 décembre, le jeune chef d’orchestre Mikko Franck dirige l’Orchestre de Paris pour la fameuse 7e Symphonie de Chostakovitch dite "Leningrad", salle Pleyel. Les 17 et 18 décembre, c’est le chef qui monte, Alain Altinoglu, qui prendra les rênes de l’orchestre pour un programme romantique autour de Berlioz, Mendelssohn et Tchaïkovski. Le mardi 17, le concert est donné sous la Pyramide du Louvre et sera gratuit comme chaque année.



© Gérard Uferas.
© Gérard Uferas.
On se souvient du "Tristan" magistral qu’a dirigé le jeune chef finlandais l’an dernier, remplaçant au pied levé Myung-Whun Chung à la tête de l’Orchestre de Radio-France (dont il va prendre la tête en 2015). C’est en habitué de l’Orchestre de Paris que Mikko Franck, déjà adoubé par toutes les grandes formations internationales, revient à Pleyel pour un programme passionnant. Il nous proposera sa vision de la mythique "Symphonie n° 7" de Dimitri Chostakovitch dont la partition est commencée par le compositeur sous les bombes lors du siège de Leningrad (sa ville natale) par l’armée allemande en 1941. Alors qu’il fait partie des personnalités qu’on évacue par les airs (comme la poétesse Anna Akhmatova), la symphonie achevée sera diffusée un peu plus tard par haut-parleurs aux habitants de la ville à qui elle est dédicacée. Habitants qui sont alors livrés à la famine et aux destructions.

Devenue symbole de la Résistance pendant la Grande Guerre Patriotique, elle lui permet de vivre un relatif retour en grâce auprès de Staline qui détestait ses œuvres trop éloignées du canon réaliste-soviétique imposé à l’Union des Compositeurs officiels. Pour celle-ci, il obtiendra le prix Staline, la plus haute distinction.

L’autre grand compositeur russe à l’honneur lors de ces deux soirées de concert sera Serge Prokofiev et son "Concerto n°3 pour piano". Et pour l’exécuter rien moins que le légendaire pianiste géorgien Alexander Toradze, de retour après quelques années d’absence de la scène. Son enregistrement des cinq concertos pour piano de Prokofiev pour le label Phillips, interprété avec l’Orchestre de Kirov sous la direction de Valery Gergiev, a fait date. Autant dire que la perspective d’écouter ce virtuose spécialiste des compositeurs russes est enthousiasmante.

Alain Altinoglu © F. Toulet.
Alain Altinoglu © F. Toulet.
Quelques jours plus tard, l’Orchestre de Paris accueille le jeune chef français Alain Altinoglu, choisi pour remplacer Pierre Boulez souffrant (comme Mikko Franck avant lui en décembre 2012 !). Alain Altinoglu l’a déjà dirigé avec succès cet été à Aix-en-Provence. Comme chaque année à Noël, un concert est offert aux mélomanes sous la Pyramide du Louvre le 17 décembre. Le public est invité à s’asseoir par terre sans autre forme de procès (prévoyez un coussin !). Là encore le programme est emballant pour ce concert d’une heure sans entracte. La 6e Symphonie dite "Pathétique" de Piotr Tchaïkovski scellera les retrouvailles de l’orchestre avec Altinoglu qui poursuit son ascension sur toutes les grande scènes d’opéras du monde.

La "Symphonie n°6" - et dernière du compositeur de Saint-Pétersbourg (qui ne s’appelle pas encore Leningrad) - est son chef-d’œuvre noir, aux contrastes saisissants et au lyrisme puissant - exacte transcription des déchirures qui le hantèrent sa vie durant. Sera donnée également l’Ouverture du "Carnaval romain" de Hector Berlioz, démarquée de son opéra "Benvenuto Cellini". Le lendemain, salle Pleyel, sera ajouté à ce programme le "Concerto n°2 pour violon" de Félix Mendelssohn, le compositeur de Leipzig. C’est la violoniste allemande Isabelle Faust qui sera chargée de porter haut les couleurs du Romantisme mendelssohnien sur son Stradivarius de 1704, joliment surnommé "La Belle au bois dormant".

Mikko Franck © Heikki Tuuli.
Mikko Franck © Heikki Tuuli.
Concerts les 11 et 12 décembre 2013 à 20 h.
Salle Pleyel, 01 42 56 13 13.
252, rue du faubourg Saint-Honoré, Paris 8e.
>> Salle Pleyel

Serge Prokofiev, Concerto n° 3 pour piano et orchestre.
Dimitri Chostakovitch, Symphonie n° 7 "Leningrad".

Orchestre de Paris.
Mikko Franck, direction.
Alexander Toradze, piano.

Concert le 17 décembre à 20 h (entrée libre).
Pyramide du Louvre.
Entrée par la Pyramide, le passage Richelieu et la galerie du Carrousel.
>> Le Louvre

Piotr Tchaïkovski, Symphonie n° 6 "Pathétique".
Hector Berlioz, Ouverture du "Carnaval romain".

Orchestre de Paris.
Alain Altinoglu, direction.

Concert le 18 décembre à 20 h.
Salle Pleyel (voir ci-dessus).

Piotr Tchaïkovski, Symphonie n° 6 "Pathétique".
Hector Berlioz, Ouverture du "Carnaval romain".
Félix Mendelssohn, Concerto n° 2 pour violon et orchestre.

Orchestre de Paris.
Alain Altinoglu, direction.
Isabelle Faust, violon.

Christine Ducq
Lundi 9 Décembre 2013

Nouveau commentaire :

Concerts | Lyrique





Numéros Papier

Anciens Numéros de La Revue du Spectacle (10)

Vente des numéros "Collectors" de La Revue du Spectacle.
10 euros l'exemplaire, frais de port compris.






À découvrir

"Rimbaud Cavalcades !" Voyage cycliste au cœur du poétique pays d'Arthur

"Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées…", Arthur Rimbaud.
Quel plaisir de boucler une année 2022 en voyageant au XIXe siècle ! Après Albert Einstein, je me retrouve face à Arthur Rimbaud. Qu'il était beau ! Le comédien qui lui colle à la peau s'appelle Romain Puyuelo et le moins que je puisse écrire, c'est qu'il a réchauffé corps et cœur au théâtre de l'Essaïon pour mon plus grand bonheur !

© François Vila.
Rimbaud ! Je me souviens encore de ses poèmes, en particulier "Ma bohème" dont l'intro est citée plus haut, que nous apprenions à l'école et que j'avais déclamé en chantant (et tirant sur mon pull) devant la classe et le maître d'école.

Beauté ! Comment imaginer qu'un jeune homme de 17 ans à peine puisse écrire de si sublimes poèmes ? Relire Rimbaud, se plonger dans sa bio et venir découvrir ce seul en scène. Voilà qui fera un très beau de cadeau de Noël !

C'est de saison et ça se passe donc à l'Essaïon. Le comédien prend corps et nous invite au voyage pendant plus d'une heure. "Il s'en va, seul, les poings sur son guidon à défaut de ne pas avoir de cheval …". Et il raconte l'histoire d'un homme "brûlé" par un métier qui ne le passionne plus et qui, soudain, décide de tout quitter. Appart, boulot, pour suivre les traces de ce poète incroyablement doué que fut Arthur Rimbaud.

Isabelle Lauriou
25/03/2024
Spectacle à la Une

"Le consentement" Monologue intense pour une tentative de récit libératoire

Le livre avait défrayé la chronique à sa sortie en levant le voile sur les relations pédophiles subies par Vanessa Springora, couvertes par un milieu culturel et par une époque permissive où ce délit n'était pas considéré comme tel, même quand celui-ci était connu, car déclaré publiquement par son agresseur sexuel, un écrivain connu. Sébastien Davis nous en montre les ressorts autant intimes qu'extimes où, sous les traits de Ludivine Sagnier, la protagoniste nous en fait le récit.

© Christophe Raynaud de Lage.
Côté cour, Ludivine Sagnier attend à côté de Pierre Belleville le démarrage du spectacle, avant qu'elle n'investisse le plateau. Puis, pleine lumière où V. (Ludivine Sagnier) apparaît habillée en bas de jogging et des baskets avec un haut-le-corps. Elle commence son récit avec le visage fatigué et les traits tirés. En arrière-scène, un voile translucide ferme le plateau où parfois V. plante ses mains en étirant son corps après chaque séquence. Dans ces instants, c'est presque une ombre que l'on devine avec une voix, continuant sa narration, un peu en écho, comme à la fois proche, par le volume sonore, et distante par la modification de timbre qui en est effectuée.

Dans cet entre-deux où le spectacle n'a pas encore débuté, c'est autant la comédienne que l'on voit qu'une inconnue, puisqu'en dehors du plateau et se tenant à l'ombre, comme mise de côté sur une scène pourtant déjà éclairée avec un public pas très attentif de ce qui se passe.

Safidin Alouache
21/03/2024
Spectacle à la Une

"Un prince"… Seul en scène riche et pluriel !

Dans une mise en scène de Marie-Christine Orry et un texte d'Émilie Frèche, Sami Bouajila incarne, dans un monologue, avec superbe et talent, un personnage dont on ignore à peu près tout, dans un prisme qui brasse différents espaces-temps.

© Olivier Werner.
Lumière sur un monticule qui recouvre en grande partie le plateau, puis le protagoniste du spectacle apparaît fébrilement, titubant un peu et en dépliant maladroitement, à dessein, son petit tabouret de camping. Le corps est chancelant, presque fragile, puis sa voix se fait entendre pour commencer un monologue qui a autant des allures de récit que de narration.

Dans ce monologue dans lequel alternent passé et présent, souvenirs et réalité, Sami Bouajila déploie une gamme d'émotions très étendue allant d'une voix tâtonnante, hésitante pour ensuite se retrouver dans un beau costume, dans une autre scène, sous un autre éclairage, le buste droit, les jambes bien plantées au sol, avec un volume sonore fort et bien dosé. La voix et le corps sont les deux piliers qui donnent tout le volume théâtral au caractère. L'évidence même pour tout comédien, sauf qu'avec Sami Bouajila, cette évidence est poussée à la perfection.

Toute la puissance créative du comédien déborde de sincérité et de vérité avec ces deux éléments. Nul besoin d'une couronne ou d'un crucifix pour interpréter un roi ou Jésus, il nous le montre en utilisant un large spectre vocal et corporel pour incarner son propre personnage. Son rapport à l'espace est dans un périmètre de jeu réduit sur toute la longueur de l'avant-scène.

Safidin Alouache
12/03/2024